Sur son disque live, enregistré à Detroit les 30 et 31 octobre 1968, le MC5 harangue la foule. Avant d’attaquer Ramlin’ rose, Rob Tyner, le chanteur de ce groupe de rock révolutionnaire, proche du collectif antiraciste The White Panthers Party, lance « Brothers and sisters, the time has come for each and every one of you to decide whether you are going to be the problem or whether you are going to be the solution. You must choose, brothers, you must choose. It takes five seconds, five seconds of decision, five seconds to realize your purpose here on the planet » (« Frères et sœurs, le moment est venu pour chacun d’entre vous de décider si vous allez être le problème ou si vous allez être la solution. Vous devez choisir, frères, vous devez choisir. Il faut cinq secondes, cinq secondes de décision, cinq secondes pour définir votre raison d’être sur cette planète »).
Faire partie du problème ou de la solution ? C’est un peu binaire mais l’époque l’était : elle se voyait en noir ou en blanc, se vivait en guerre (du Vietnam) ou en paix… Pour les 6 membres du groupe français Shaka Ponk (7, si le singe en image de synthèse qui lui sert de mascotte a eu son mot à dire), la question se pose encore. Et leur réponse est simple : Shaka Ponk fait partie du problème.
« Shaka Ponk était un projet sans prétention auquel le public a donné toute son ampleur. Une parenthèse artistique décalée au milieu d’une société sérieusement « dysfonctionnelle », fondée sur la consommation, l’exploitation des ressources de la planète sans jamais la nourrir en retour » ont-ils expliqué dans un communiqué.
Le groupe, qui a vendu 1,5 million d’albums, remporté quatre Victoires de la musique et deux MTV Europe Awards et été nommé chevaliers des Arts et des Lettres, va donc se dissoudre. Avant cela, il publiera son septième et ultime disque et donnera une dernière série de 36 concerts, principalement dans des Zéniths : « The Final Fucked Up Tour ».
Sensible aux questions environnementales depuis ses débuts, le groupe avait lancé, en 2018, le collectif « The Freaks », qui réunit 68 (tiens, justement) artistes et personnalités «qui s’engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la surconsommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité» : Matthieu Chedid, Pascal Obispo, Soprano, Jean-Louis Aubert, Nagui, Zazie, Tété, Arielle Dombasle…
C’est dans cette direction que les membres de Shaka Ponk veulent désormais se diriger : « Toute fin appelant un nouveau début, nous voulons nous investir pleinement dans le développement de projets tels que The Freaks où nous nous sentons à notre place, utiles et en phase avec les enjeux de notre époque : vivre et agir pour le vivant. »
Etait-il impossible de le faire en musique ? C’est une autre question, peut-être moins binaire…
Photo de têtière :
Pour aller plus loin... Le site web de Shaka Ponk Le site web de The Freaks