L’album s’intitule Icare mais, en regardant bien, on distingue sur la pochette un espace légèrement plus grand entre le « I » initial et la suite, comme si la chanteuse avait voulu glisser sur cette pochette où on la voit sur le point de tomber un message caché : « I care ». Qu’Emily Loizeau se soucie (en anglais : « to care ») de l’état du monde qui l’entoure n’est un secret pour personne. Elle a déjà clairement manifesté son soutien aux migrants et sa proximité avec les écologistes. Avec cet extrait d’Icare, elle ne fait qu’enfoncer le clou là où il fait particulièrement mal : dans la culpabilité d’une génération, qui va devoir transmettre une planète souffrante à la suivante.
Emily Loizeau a écrit Renversé avec l’ingénieur du son Sébastien Bureau, son compagnon sur scène et après les concerts. Ont-ils des enfants ? Cela ne regarde qu’eux. Toujours est-il que, sur des arrangements sobres, supervisés par John Parish, le producteur de PJ Harvey, Emily s’adresse à deux générations : « Le compte à rebours a commencé / Le Monde est comme un sablier / sur le point de se retourner / Est-ce qu’on retombera / sur nos pieds ? / … / Mais c’est toi qui portes le drapeau / Regarde-le comme il est beau / là, tout en tête du cortège, / ton enfant qui se soulève. / Tu portes pour lui la mémoire / du temps où les oiseaux / chantaient le soir. / Relève-toi / C’est la tempête ! »
A y regarder d’encore plus près, il y a bien un espace entre le « I » et le « care », un espace immense, plein de climats changeants, de bouillonnements et de nuances, un espace intimement renversant.
Photo de têtière : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web d'Emily Loizeau