Et le son de l’année 2022 était … celui de la guerre en Ukraine ! Ainsi en a décidé – probablement à juste titre – le jury des Sound of the Year Awards. Ce concours annuel anglais, qui en est à sa troisième édition, est en effet animé par un impressionnant panel de personnalités du petit monde des passionnés de son : les artistes sonores Ain Bailey, Kate Carr ou Linda O’Keefe, l’audionaturaliste Chris Watson, l’ingénieure du son Kirsty Whalley, le professeur d’ingéniérie acoustique Trevor Cox, le compositeur Matthew Herbert… Ensemble, ils sélectionnent, parmi des milliers d’enregistrements, les lauréats de 8 catégories.
Le prix du « son de l’année » va donc au compositeur et professeur de musique ukrainien Anton Stuk, qui témoigne de l’angoisse que ressentent les civils bombardés. Un enregistrement aussi marquant que celui du « son le plus désagréable », remporté par l’artiste sonore française Mélia Roger, qui est revenue d’une grande ferme laitière avec les gémissements d’un veau qui vient d’être écorné et qui peine à respirer. Pour en finir avec ces signaux négatifs (mais absolument nécessaires), il faut également évoquer le prix du « son en voie de disparition », attribué à l’artiste sonore japonais Yoichi Kamimura pour sa captation des grincements de la glace dérivante en mer de Russie, d’autant plus bruyante que ces bribes de banquise, autrefois foisonnantes, se raréfient.
Le « meilleur son naturel » est bien plus apaisant. Enregistré par le Français Jocelyn Robert, il s’agit d’un crépuscule automnal à l’étang du Ravoir, au cœur de la forêt d’Orléans. Dans une autre forêt, loin de là, à Java, le compositeur indonésien Gardika Gigih Pradipta a enregistré un groupe de gibbons javanais et a écrit autour de leurs appels une partition pour une cithare et un instrument à vent sundanais qui lui a valu le prix « composé avec le son ».
Le prix du « meilleur son qui n’existe pas » est allé à Clip, une association qui propose à des adolescents de jouer avec les sons. Le prix de la « meilleure innovation en matière de technologie du son » est revenu à deux compagnies de Montréal, La Quadrature et Audiotopie, qui ont conçu un dispositif sonore enterré dont on entend les productions (et en premier lieu les vibrations) lorsqu’on s’allonge sur le sol. Enfin, la meilleure « innovation sonore du quotidien » est, pour le jury, l’AroTherm Plus de la marque française Vaillant, une pompe à chaleur extrêmement économe et surtout particulièrement silencieuse.
Ainsi, d’un bombardement en Ukraine à une pompe à chaleur, d’un gémissement de veau à un cri de gibbon, de l’appel d’un cerf en forêt d’Orléans à une écoute étonnée allongé sur une pelouse, toute une année s’est écoulée. Rendez-vous l’année prochaine ?
Image de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web des Sound of the year awards