« La terre n’a aucune obligation de soutenir la vie. La terre est indifférente. Nous personnifions la nature et l’appelons « mère », en nous détournant de notre propre obligation de préserver et de protéger. La nature n’est pas une mère. La nature est notre chance, notre fortune. Et nous la gaspillons. Et si sa préservation était notre seul moyen de survivre ? »
Le texte n’apparaît qu’après 4 minutes d’images magnifiques. Jusque-là, Andrew Bird a joué du violon et sifflé, construisant peu à peu un « Mo teef » obsédant, tandis que la caméra caressait des mousses gorgées d’eau, frôlait des arbres majestueux ou s’enfonçait dans le blizzard. A la quatrième minute, la caméra s’élève et laisse voir derrière un rideau d’arbres une mine à ciel ouvert. Puis viennent des images de forêts dévastées et d’incontrôlables incendies. Et ces mots. Et c’est tout.
Outside problems est tout le contraire d’un disque bavard. On n’y entend la voix d’Andrew Bird qu’accidentellement, sous la forme d’un sifflement ou d’un marmonnement sans signification (mais jamais sans sens). Tout l’espace est laissé au violon et à la guitare du musicien, ainsi qu’à la basse d’Alan Hampton et à l’environnement. Les neuf titres ont en effet été enregistrés en extérieur, principalement dans les montagnes et les orangeraies d’Ojai, une petite ville californienne située à l’ouest de Santa Barbara, apportant au son une douce chaleur.
Ce faisant, l’album ne se contente pas de prolonger Inside problems, paru l’année dernière, il poursuit également l’aventure d’Echolocation, une série d’enregistrements en plein air entamée en 2015. Andrew Bird se laissait alors inspirer par ce qui l’entourait, intitulant ses titres The Cormorants, Lazuli Bunting (c’est-à-dire Passerin azuré), Black-Crowned Night-Heron (autrement dit, Bihoreau gris … décidément, monsieur Bird porte bien son nom) ou The Canyon Wants To Hear C Sharp.
L’esprit a peu changé. La liberté est demeurée, comme la joie d’improviser. Les mélodies semblent juste un peu plus charpentéees. Et l’appel à soutenir l’Union of Concerned Scientists un peu plus pressant…
Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin... La page Bandcamp d'Andrew Bird Le site web de l’Union of Concerned Scientists