« La musique verte ? Pour moi, c’est l’art d’utiliser les éléments de la nature pour produire des sons » indique Olivier Poncin. « Qu’est-ce qui sonne, parmi ce qu’on trouve dans la nature au cours d’une balade ? C’est une première étape. La seconde est la réalisation d’un instrument de musique. A partir de quand peut-on parler d’un « instrument » ? Entre le son, qu’on peut produire immédiatement dans la nature, et l’instrument, qui va permettre de le moduler, tout est intimement lié. Qu’est-ce que la musique, si ce n’est des sons organisés ? »
Les stages de musique verte qu’animent ce professeur de guitare commencent généralement par une promenade en groupe dans la nature et se terminent le plus souvent par de grandes questions sur l’origine de la musique. Le musicien est bien placé pour les poser, puisqu’il a étudié l’archéologie et vit en Bretagne, non loin de sites préhistoriques. Il connaît naturellement les premiers instruments de musique connus, comme ces « appeaux qui ont 35 ou 40 000 ans et qui sont pour certains taillés dans des phalanges de renne ». « Mais, tout ce qui est périssable, notamment ce qui vient des végétaux, on n’y a pas accès. Cela m’a amené à me questionner » se souvient-il. « Comment les hommes ont-ils pu commencer à faire de la musique ? Probablement à partir de ce qui les entourait, tous ces éléments éphémères, aujourd’hui disparus. Ma démarche a d’abord été archéologique, avant d’être musicale ».
Aujourd’hui, Olivier Poncin propose régulièrement à des groupes de partir ramasser des feuilles, des branches ou des écorces, qui deviendront hautbois, clarinette ou flûte. « J’ai toujours été proche de la nature » reconnaît-il. « J’aime les choses simples. Ce qui m’intéresse, avec la musique verte, c’est de revenir aux sources de la musique, du langage. Cela nous amène à nous poser des questions sur l’organologie. J’amène mon public vers un questionnement sur l’organologie, notamment sur les instruments à vent : comment les fait-on sonner ? Quelle matière est propice ? Faut-il une anche double, une hanche simple ? Les gens découvrent un univers. Parfois, ils ont appris, enfants, à coincer un brin d’herbe entre leurs doigts et à souffler dessus mais c’est généralement la seule représentation qu’ils ont de la musique verte. Ensemble, on arrive à faire de très belles choses. Au dernier stage, on a par exemple fabriqué une trompe en écorce de châtaignier, avec une hanche également en châtaignier. Elle avait un son très puissant et, finalement, n’était pas si compliquée que ça à faire ».
Promettant prochainement de nouveaux stage, il conclut « on est dans une société qui nous éloigne de plus en plus de nos racines. La musique verte est un moyen de renouer avec ce qui nous entoure, de revenir aux choses essentielles. »