>> Revue « Circuit », 25-2 : « Chants de la Terre ? » (Presses de l’Université de Montréal, 2015)
Circuit, une revue canadienne créée en 1989 par Lorraine Vaillancourt et Jean-Jacques Nattiez, publie en français et en anglais des articles sur la musique contemporaine qui se fait au Québec, en Amérique du Nord et au-delà. Paru en 2015, son Volume 25, numéro 2, était titré « Chants de la Terre ? ». Son rédacteur en chef de l’époque, Jonathan Goldman, écrivait dans son introduction « Même si la musique est le plus immatériel des arts, les musiciens ne se sentent pas moins concernés que les autres artistes par la terre menacée. Plusieurs compositeurs de nos jours se réclament d’un point de vue explicitement écologiste. Ajoutons d’emblée que cette conscience ne date pas d’hier… » Onze des articles publiés peuvent être lus sur le site erudit.org.
En savoir plus :
https://revuecircuit.ca/articles/25_2/01-introduction/
https://www.erudit.org/fr/revues/circuit/2015-v25-n2-circuit02056/
>> William Luret : Les trois vies d’Hercule Florence (JC Lattès, 2001)
Une biographie romancée pour revenir sur le parcours d’un quasi-inconnu au destin peu commun, inventeur de la « zoophonie », un système original de notation des chants d’oiseaux, mais aussi d’une technique inédite d’imprimerie et de l’un des premiers procédés photographiques.
>> Revue « Wildproject: journal of environmental studies », 4 : « Ondes du monde : territoires sonores de l’écologie »
Fondée en 2008 par Baptiste Lanaspeze, la maison d’édition Wildproject publie de nombreux ouvrages fondateurs de la pensée écologiste. Elle a notamment réédité Le paysage sonore de R. Murray Schafer. Paru en 2009, le quatrième volume de son « journal of environmental studies » portait sur l’écologie sonore. Conçue par le documentariste radio Matthieu Crocq, avec l’aide d’Etienne Noiseau et Baptiste Lanaspeze, cette revue en ligne offre notamment un très précieux lexique et les conseils de lectures de Yannick Dauby.
>> Kyle Devine : Decomposed, The Political Ecology of Music (MIT Press, 2019)
[Non traduit]
La musique est souvent vue comme le plus immatériel des arts. Aujourd’hui plus qu’hier, puisque son versant enregistré tend à se dématérialiser, à se rendre invisible. Directeur de recherche et professeur associé au Département de musicologie de l’Université d’Oslo, Kyle Devine montre au contraire que la musique enregistrée a toujours exploité une grande quantité de ressources naturelles et que sa dépendance à ces ressources devient problématique. Son livre dévoile la face cachée de la musique enregistrée : de quoi sont faits les enregistrements, comment ils sont éliminés… Des 78 tours en shellac, une résine issue de la sécrétion d’une cochenille asiatique, aux fichiers audio, l’auteur brosse une histoire où se mêlent scientifiques, travailleurs des pays du Sud, magnats du pétrocapitalisme et géants des nouvelles technologies. Un essai très détaillé, qui apporte notamment des informations d’une grande importance sur la musique en ligne.
>> David Toop : Ocean of Sound : Musiques ambiantes, mondes imaginaires et autres voix de l’éther (Eclat , 2004)
Un voyage à travers plus d’un siècle de sons, qui commence à Paris, lorsque Debussy découvre la musique javanaise à l’Exposition à l’Exposition universelle, passe par l’Amazonie, sinue entre les gratte-ciels de Tokyo et ne s’arrête jamais vraiment… Né en 1949, David Toop est un musicien anglais, un temps membre du groupe new wave the Flying Lizards mais surtout figure centrale de la scène expérimentale anglaise, aux côtés de Brian Eno. Le père de l’ambient music figure naturellement dans ce très complet ouvrage (318 pages dans sa traduction française, signée Arnaud Réveillon) mais on y trouve aussi Sun Ra, Erik Satie, Kate Bush, Kraftwerk, Brian Wilson ou les pionniers de la house music.
>> Alexandre Galand : Field recording : l’usage sonore du monde en 100 albums (Le Mot et le reste, 2012)
Le « field recording », c’est l’enregistrement de terrain, un art pratiqué depuis que des magnétophones peuvent être fourrés dans le coffre d’une voiture. Le son de milliers d’écosystème a été capté ainsi, ainsi que des millions de chansons à travers le monde. Docteur en Histoire, Art et Archéologie, Alexandre Galand s’arrête sur 100 disques qui en sont issus et interroge trois figures majeures : l’ornithologue et bioacousticien français Jean-Claude Roché, l’artiste anglais Peter Cusack et l’ethnomusicogue français Bernard Lortat-Jacob.
>> Pascal Quignard : Dans ce jardin qu’on aimait (Grasset, 2017)
S’il fallait à ce magazine un parrain ou une figure tutélaire, ce serait sans doute lui : Pascal Quignard est sans doute le plus musical des écrivains français d’aujourd’hui. C’est lui qui a sensibilisé le grand public aux charmes discrets de la musique baroque, avec Tous les matins du monde (1991), son œuvre la plus célèbre. Moins connue, sa Haine de la musique (1996) est d’une lecture douloureuse mais indispensable. Avec Dans ce jardin qu’on aimait, le romancier ressuscite le révérend Simeon Pease Cheney (1818-1890). Ce pasteur établi à Geneseo, petite ville à une centaine de kilomètres des chutes du Niagara, aimait transcrire le chant des oiseaux qui fréquentaient son jardin. Il se régalait également du bruit des gouttes d’eau tombant dans un seau de métal ou du vent lorsqu’il s’engouffrait dans le corridor et faisait frémir les manteaux. Ce court texte inclassable, qui lorgne vers le théâtre et atteint par moment une poésie toute shakespearienne, est un songe endeuillé, une poignante ballade aux frontières de l’au-delà…
>> David Dunn : Why do children and whales sing ? (Earth Ear, 1999)
[Non traduit]
Un livre accompagné d’un disque qui explore les nombreuses façons dont les animaux et les humains produisent des sons. Chaque court chapitre renvoie à une plage du CD et permet à l’auditeur de porter un nouveau regard sur les relations sonores entre l’homme et la nature. « Dunn profite de chacun de ces moments d’une beauté saisissante pour un récit, une explication parfois, une interrogation » explique un Yannick Dauby dithyrambique dans le numéro 4 de la revue Wildproject.
>> Revue « The Ecomusicology Review »
[Non traduit]
Lancée en janvier 2012, cette revue états-unienne a d’abord pris la forme d’une newsletter. Des fichiers PDF d’une vingtaine de pages étaient proposés aux lecteurs. Le contenu fluctue selon les numéros. Le volume 7, publié en 2019, proposait deux articles publiés en ligne : un texte de Denise Von Glahn et Mark Sciuchetti autour d’une œuvre de 1982 d’Annea Lockwood, A Sound Map of the Hudson River, et des considérations de Marcus Zagorski sur le son de l’eau. La revue est dirigée par Aaron S. Allen, auteur en 2016 d’un essai intitulé Current Directions in Ecomusicology: Music, Culture, Nature, avec l’aide du compositeur Ben Cosgrove.
En savoir plus :
https://ecomusicology .info/about-2/
>> Dario Martinelli : Of Birds, Whales, and Other Musicians, an Introduction to Zoomusicology (University of Scranton Press, 2008)
[Non traduit]
D’origine italienne, ce musicologue, également sémioticien et musicologue, travaille à l’Université de Technologie de Kaunas, en Lithuanie. Il est l’un des premiers universitaires à avoir passé une thèse de doctorat en zoomusicologie. Il a publié de nombreux ouvrages sur les productions sonores des animaux. Dans celui-ci, il explique : « la zoomusicologie n’a pas grand-chose à voir avec le fait d’admirer le chant des oiseaux et de le considérer comme de la musique simplement parce que nous l’admirons. Il s’agit plutôt de comprendre que les oiseaux possèdent leur propre conception de la musique et que c’est cette conception mentale qu’ils projettent. Sur le plan méthodologique, le principal problème est de savoir comment aborder ces cultures musicales si particulières. Dans quel sens pouvons-nous utiliser le mot « musique » ? »
>> Michel Le Van Quyen : Cerveau et silence (Flammarion, 2019)
Un matin, le neuroscientifique Michel Le Van Quyen s’est réveillé frappé d’une paralysie faciale liée au surmenage. Le repos absolu, qui lui a été fortement recommandé, lui a permis de réaliser l’importance du silence dans son processus de guérison. Guéri après quatre semaines, il a depuis publié cette enquête scientifique (il y est question de toxines, de mémorisation, de maladies neurodégénératives…) sur les vertus du silence.
>> John Luther Adams : The Place Where You Go to Listen : In Search of an Ecology of Music (Wesleyan University Press)
[Non traduit]
Au second étage de l’université de l’Alaska, à Fairbanks, le compositeur a investi une petite salle aux murs blancs. Cinq grands panneaux de verre y changent de couleur au rythme des éléments et de la musique d’Adams. Ce livre réunit les réflexions qui ont permis la préparation de cette installation : deux essais philosophiques sont prolongés par le journal de l’artiste, des notations musicales, des graphiques et des illustrations de phénomènes géophysiques.
>> Max et Basile Vandervorst : Instruments de musique en verre et plastique (Gallimard, 2019)
Compositeur, interprète et surtout inventeur d’instruments, Max Vandervorst entend de la musique partout : dans les bouteilles de verre, dans les bouchons de plastique… Avec Basile, son photographe attitré, il présente ici 45 instruments conçus à base d’objets et de matières recyclés, des plus « classiques » (flûtes, castagnettes, maracas…) aux plus surprenants (capsulophone, spalafon, bouteillophone…).
>> Raymond Murray Schafer : Le Paysage sonore, le monde comme musique (Wildproject, 2010)
« Je considérerai le monde dans ce livre comme une immense composition musicale » écrit-il dès les premières lignes. Ce compositeur canadien a en effet forgé la notion de « paysage sonore ». Il la détaille ici, revenant sur l’histoire des sons apparus sur notre planète avant de d’y proposer une place pour les créations sonores de l’homme, esquissant le design sonore, « une discipline commune aux musiciens, aux acousticiens, aux psychologues, aux sociologues et à d’autres encore, où tous étudieront ensemble le paysage sonore pour essayer de l’améliorer ». Un livre qui a fait date au vingtième siècle et n’a rien perdu de son actualité au vingt-et-unième…
>> Actes de colloque : « Transitions des arts , transitions esthétiques : processus de subjectivation et des-croissances » (L’Harmattan, 2018)
Une vingtaine de penseurs questionnent les arts à l’aune des crises que nous traversons : écologique, économique, sociale, symbolique… Parmi eux, Ariadna Alsina, Jehan Aucompte, Roberto Barbanti, Jean-Sébastien Baye & Frédérick Duhautpas, Joëlle Caullier, Joanne Clavel & Isabelle Ginot, Agostino Di Scipio, Amélie Durand & Marie Willaime, Guillaume Loizillon, Lou Mallozzi, Olga Moll, Kostas Paparrigopoulos, Carmen Pardo Salgado, Claire Payement, Muriel Piqué, Matthieu Saladin, Makis Solomos, Lorraine Verner et le duo d’artistes performers Vincent+Feria.
>> Bernie Krause : « Le grand orchestre des animaux, célébrer la symphonie de la nature » (Flammarion, 2018)
Une synthèse de la pensée et des travaux du bioacousticien le plus populaire de l’histoire de sa très jeune discipline. Né à Détroit, ce musicien a d’abord fait carrière en Californie, y développant avec Paul Beaver l’usage des premiers synthétiseurs et participant notamment à des enregistrements des Doors. C’est pour les besoins d’un disque qu’il est parti un jour enregistrer dans la nature. Il n’en est jamais vraiment revenu. Abondamment cité dans ces colonnes, son ouvrage raconte ses pérégrinations en Afrique ou en Amérique latine, se fait l’écho de son admiration pour certaines productions sonores animales et déplore l’altération du paysage sonore naturel. Une bible au format poche !
>> Jean-Yves Bosseur : « Musique et environnement » (Minerve, 2016)
Le musicologue tente d’analyser la démarche des compositeurs qui, au vingtième siècle et aujourd’hui, ont cherché à investir des lieux plus ouverts que la traditionnelle salle de concert ou à capter puis rediffuser les sons de leur environnement. Naturellement, les noms se bousculent sur la liste de Jean-Yves Bosseur, d’Erik Satie à Karlheinz Stockhausen, en passant par La Monte Young, John Cage, Alvin Curran, Annea Lockwood, Alvin Lucier, Salvatore Sciarrino, Robert Hébrard, François-Bernard Mâche, Jean-Claude Risset, Jean-luc Hervé, Luc Ferrari, Michel Redolfi, Bernard Fort, Cécile Le Prado…
>> David Ingram : « The Jukebox in the garden, Ecocriticism and American popular music since 1960 » (Rodopi, 2010)
[Non traduit]
Depuis l’essor du mouvement écologiste dans les années 1960, nombre de musiciens américains, du chanteur folk Pete Seeger au saxophoniste de jazz Paul Winter, ont protesté contre la dégradation de l’environnement. Cet essai traque les échos de l’écologie dans toutes les musiques populaires nord-américaines (du folk et du jazz, donc, au hip hop, en passant par la country, le blues, le rock, les musiques électroniques). Il s’arrête notamment longuement sur l’influence de l’écologie profonde et de la pensée New Age sur ces formes artistiques.
>> Makis Solomos : De la musique au son, l’émergence du son dans la musique des XXe-XXIe siècles (Presses Universitaires de Rennes, 2013)
« Nous sommes en train de passer d’une civilisation musicale centrée sur le ton à une civilisation du son » écrit le musicologue dans cet ouvrage savant qui évoque aussi bien Debussy que la musique contemporaine, le rock ou les musiques électroniques. Makis Solomos se dit d’ailleurs prêt à « parier que cette mutation est au moins aussi fondatrice que la révolution qui, il y a quatre siècles, fit naître la tonalité ».
>> Aaron S. Allen et Kevin Dawe (sous la direction de) : Current Directions in Ecomusicology: Music, Culture, Nature (Routledge, 2017)
[Non traduit]
22 chercheurs venus de disciplines telles que la musicologie, l’anthropologie, la biologie, l’écologie, l’histoire ou la psychologie ont contribué à cette présentation des principaux enjeux de l’éco-musicologie.
>> Mark Pedelty : « Ecomusicology: Rock, Folk, and the Environment » (Temple University Press, 2012)
[Non traduit]
Les musiciens peuvent-ils vraiment changer le monde, lui éviter le pire ? L’anthropologue Mark Pedelty est également membre d’un groupe de Minneapolis aux textes inspirés par l’écologie, les Hypoxic Punks. Il analyse ici les relations des rockers à l’environnement, revenant par exemple sur les tournées de U2. Au travers d’une enquête de terrain parmi les artistes et leurs fans, il révèle les ambiguïtés de la musique populaire…
>> Philippe Bihouix : « L’âge des low tech, vers une civilisation techniquement soutenable » (Le Seuil, 2014)
Spécialiste de la finitude des ressources minières, cet ingénieur sonne l’alarme. Quand certain promettent que les technologies « vertes » sauveront la planète grâce à une quatrième révolution industrielle, faite d’énergies renouvelables, de réseaux intelligents ou de nano-bio-technologies, il rappelle que ces produits sont complexes, consommateurs de ressources rares, difficiles à recycler… Pour conserver un certain niveau de confort, l’essayiste propose de se tourner vers les low tech, les « basses technologies », et esquisse un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.
>> Revue « Popular Music », n°39-2 : « Popular Music and the Anthropocene »
François Ribac, de l’Université de Bourgogne, et Paul Harkins, de l’Université d’Edinburgh, ont co-dirigé ce numéro de la revue internationale. Après une introduction des deux co-directeurs, on y trouve des contributions de Mark Pedelty, de Matt Brennan, de Kyle Devine… Elodie A. Roy y analyse les rapports de la musique populaire à la notion de déchet, tandis que Kate Galloway explore le travail de la chanteuse Tanya Tagaq.
En savoir plus :
https://www.cambridge .org/core/journals/popular-music/article/popular-music-and-the-anthropocene/04BB920A2BB8F9271BE9A9E20A16728D#
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