« Vous savez, le Suriname est le plus petit pays d’Amérique du Sud mais c’est aussi l’un des endroits les moins densément peuplés de la planète » explique Ian Brennan. Le producteur états-unien, collaborateur régulier du label Glitterbeat, y est allé enregistrer deux musiciens, Dwight Sampie et Robert Jabini, dans leur village, au bord du fleuve.
Tous deux travaillent pour le gouvernement, l’un comme militaire, l’autre à la fois comme électricien et éducateur sportif, mais, le soir venu, leur principale occupation est de passer en chantant d’un porche à l’autre, une guitare à la main. Leurs chansons sont en saramacque, un heureux mélange d’anglais, de portugais et de langues africaines, ces dernières étant à l’origine de plus de la moitié des mots. Elles évoquent leurs amours, leur amitié mais aussi leur environnement, leur forêt tropicale voisine de celle du bassin de l’Amazone. Les paroles reflètent les changements que les deux amis observent.
« L’année qui a précédé celle de nos enregistrements, en 2022, ils ont subi des inondations sans précédent » commente Ian Brennan. « Personne – en tout cas personne de leur génération – n’avait jamais vu ça. Nous avons vu un village abandonné. D’autres ont été complètement avalés par les eaux. En fait, la construction de barrages en amont fait monter le niveau des rivières. Mais ils subissent aussi l’impact des pluies et des marées qui sont de plus en plus importantes. Même s’ils vivent à plusieurs heures de bateau de tout, ils ne sont pas aussi loin qu’on le pense de l’océan. » Ecouter les deux membres de Saramaccan Sound chanter, c’est prendre des nouvelles du climat du Suriname…
Photo de têtière : Arno Fischbacher (via Pixabay)
Pour aller plus loin... Le site web de Glitterbeat