Réunir plusieurs centaines, parfois même plusieurs dizaines de milliers, de spectateurs autour d’un groupe de musiciens venus d’un autre continent n’est pas neutre.
Une étude de 2012, menée par Grégory Chapron et Donald Pontabry, estimait que le déplacement du public représente entre 60 et 80 % des émissions de gaz à effet de serre des 9 festivals français interrogés. Peu avant, l’association anglaise Julie’s Bicyle avançait un chiffre comparable : 68 % des émissions de gaz à effet de serre des festivals du Royaume-Uni sont causés par la seule venue des mélomanes. Plusieurs enquêtes parues ensuite confirment cet ordre de grandeur, qui semble valable dans le monde entier.
Généralement mieux reliées aux réseaux de transport en commun, les salles de concert n’en connaissent pas moins des difficultés comparables. Ainsi, en préparant sa tournée de 2012, le groupe de reggae acoustique Tryo notait que, même en ville, 70 % des spectateurs choisissaient de venir en voiture, généralement par peur de rater le dernier bus ou le dernier train. Résultat : cette année-là, un concert de Tryo émettait en moyenne 3,9 tonnes de carbone, soit l’équivalent d’une voiture qui fait une fois et demi le tour de la terre.
À ces chiffres s’ajoutent les émissions de gaz à effet de serre générées par le déplacement des artistes eux-mêmes. Ils sont naturellement moins nombreux que les spectateurs mais viennent souvent de bien plus loin. S’ils voyagent en avion avec tout leur matériel, leur venue peut vite représenter plusieurs tonnes de gaz à effet de serre.
Pour continuer... Du côté des solutions, lire Marcher de concert en concert, lire Co-voiturer, lire Repenser les tournées...
Lire également les propos de David Irle, animateur la "(Mini) Convention Climat" du réseau Zone Franche :
« Souvent, le secteur commence par se poser la question de la mobilité des artistes alors que ce n’est pas là le principal. Ce n’est pas le plus gros gisement de décarbonation, de baisse des impacts. Il faut plutôt regarder du côté de la mobilité des spectateurs… »
David Irle, du cabinet de conseil Aladir
Photo : Cénel et François Mauger