Cosmo Sheldrake est l’un des musiciens du moment à qui l’expression « jouer de la musique » s’applique le mieux. Pour le chanteur britannique, la pop se doit d’être ludique. Il ne conçoit son travail que dans la joie d’accumuler et d’agencer des sons, que dans l’espoir de voir surgir des associations d’idées inédites, ou encore dans l’envie de se laisser surprendre par des accords inattendus.
Issu de cinq années d’expérimentations de toutes sortes, son deuxième album, Eye to the ear, invite à plonger au cœur de la vie, qu’il perçoit comme un maelstrom bruyant capable de changer nos façons de penser, de ressentir ou d’imaginer. Titulaire d’un diplôme en anthropologie et adepte de l’écoute profonde, Cosmo Sheldrake a participé un micro à la main à plusieurs expéditions de son frère, le biologiste Merlin Sheldrake. Ils ont notamment accompagné la mycologue Giuliana Furci, fondatrice de la Fungi Foundation, dans les forêts nuageuses de Los Cedros en Équateur. Il en a ramené les enregistrements souterrains que l’on entend sur Lichens. Cosmo a également collaboré avec l’écologiste Steve Simpson, de l’Université de Bristol, ainsi qu’avec le légendaire preneur de son Bernie Krause, dont certains enregistrements figurent également sur Eye to the Ear.
De ces centaines d’heures d’enregistrements, le multi-instrumentiste tire le squelette de 21 chansons. S’il enregistre principalement seul, avec l’appui occasionnel d’un chœur nommé Howl, il sait s’entourer d’un véritable orchestre symphonique, composé de crevettes, de courlis, de baleines, de grenouilles ou de courlis. Il partage d’ailleurs ses droits d’auteur avec les animaux qui l’accompagnent. Il a , par exemple, cédé 30 % des droits d’édition du morceau But once a child au programme en faveur du courlis de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), qui œuvre à la conservation de ces limicoles en voie de disparition. Plus globalement, en tant que membre très actif du « More Than Human Rights Project », un groupe composé de philosophes, d’avocats, de juges, d’artistes, de dirigeants autochtones et de scientifiques travaillant à l’élargissement des cadres juridiques afin d’y inclure le monde vivant non-humain, Cosmo a ouvert la voie à l’organisation Earth Percent de Brian Eno et la soutient avec une partie des redevances. On peut aimer s’amuser sans perdre son sérieux !
Photo de têtière : Cénel Fréchet Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Cosmo Sheldrake