La musique occidentale se veut autonome : elle s’est affranchie de ses anciennes tutelles, notamment religieuses, s’est dégagée de toute signification extérieure et n’obéit plus qu’à ses propres lois.
« Il fut un temps où la notion d’œuvre permit à la musique de se définir comme autonome, et de quitter la sphère de l’artisanat et de la servitude. Mais cette autonomie est devenue problématique » écrit Makis Solomos dans un article destiné à la revue Filigrane, De la musique contemporaine à la société.
Le musicologue donne à ce propos l’exemple de « la relation de la musique à l’« image », de l’entendre au voir » et rappelle que « le XXe siècle a multiplié les expérimentations où la musique était associée, d’une manière ou d’une autre, à des arts de l’image, et l’audition à la vue ». L’autonomie d’un art des sons « pur » devient donc discutable de ce côté.
Il l’est également du côté du côté des attentes de la société. « Prenons les années 1950-60 », propose Makis : « Certes, par son isolement total, par ses exigences extrêmes, la musique contemporaine se posait en modèle de la liberté, du non-asservissement au monde utilitaire du libre échange qui finissait par s’imposer : sa pure existence était synonyme de critique de la société. Cependant, la « liberté » de l’art moderne servait également de vitrine au monde « libre » et c’est pourquoi celui-ci l’encourageait ».
Et du côté de la nature ? Bernie Krause, rappelle que la musique occidentale a depuis longtemps pris son indépendance, qu’elle ne cherche plus à l’imiter. « La musique – comme tout art issu de l’autonomisation de l’esthétique – se joue dans des réalisations qu’on appelle «œuvres», qui ont tendance à intérioriser et, au fond, à minimiser leur relation à l’environnement et au monde, alors que l’écologie établit la primauté de cette relation » explique Makis Solomos dans un autre article, intitulé Entre musique et écologie sonore: quelques exemples.
Que signifierait, pour les musiciens, renoncer à leur autonomie – ou la restreindre – vis à vis de la nature ?
Photo : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin... https://revues.mshparisnord (...) .fr/filigrane/index.php/lodel/index.php?id=69 https://hal.archives-ouvertes (...) .fr/hal-00769908/document