Comment ne pas parler ici d’un festival qui s’appelle « La Nature » ? Surtout à l’heure où il lance un appel à projets artistiques autour de la notion de mycélium… La nature, donc, est un festival belge, niché au cœur des Ardennes. D’une taille très raisonnable, il mêle à la fin juin musiques d’obédience plutôt électronique (l’année dernière : le Suédois Sebastian Mullaert, le Français Traumer, les Belges Le Motel, Karla Böhm, Marco3000, Rebel Up, Marie-Julie, Emily Jeanne…), ateliers bien-être et installations artistiques. Dans l’immédiat, ce sont ces dernières qui nous interpellent…
Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer un appel à projets autour du mycélium ?
Julien Baratto : « Le festival est un festival de musique et d’arts pluridisciplinaire. Il y a trois ans, nous avons décidé de le thématiser à partir des différentes étapes du cycle de la matière organique. En 2022, c’était la synthèse ; en 2023, l’anthèse ; en 2024, ce sera le mycélium. Ce qu’on souhaite, c’est proposer aux spectateurs d’être vraiment immergés dans notre thème. Evidemment, on prend le thème de manière abstraite : l’année passée, pour l’anthèse et tout ce qui a trait à la floraison, on n’avait pas de décorations avec de grosses fleurs ouvertes. L’idée, c’est de prendre les idées à contre-pied et de se confronter à des réflexions artistiques qui sont parfois assez poussées. Parfois, visuellement, on se retrouve assez loin de ce qu’on avait imaginé en choisissant le thème. Le mycélium nous permet d’aborder à la fois les questions de décomposition et de renouveau. C’est un peu une fin de cycle, pour nous. En même temps, le mycélium ouvre la porte à un autre cycle, qui va pouvoir commencer en 2025. On n’en a pas encore parlé mais il sera sans doute dans la continuité de notre travail sur l’évolution de la matière organique. Le mycélium, c’est donc aussi la régénérescence, la naissance de la matière. »
Quel type d’œuvres espérez-vous ?
Julien Baratto : « On cherche principalement des installations ou des performances. N’importe quel type de technique, qu’elle soit contemplative ou interactive, nous intéresse. Nous sommes très ouverts de ce côté. »
Dans quel cadre allez-vous les présenter ?
Julien Baratto : « Les œuvres sont présentées dans le cadre de notre festival, en juin, à la Baraque de Fraiture, à Vielsalm. C’est un espace qui inclut une prairie ouverte et une forêt. C’est une zone de loisirs, pas une zone protégée. Les œuvres sont présentées dans tous les espaces du festival, qu’ils soient boisés ou ouverts. Les gens déambulent parmi elles. L’aboutissement de l’appel à projets, c’est évidemment la présentation pendant les 4 jours du festival mais, comme on a de très bonnes relations avec le site qui nous accueille et la commune, certaines œuvres restent pour une plus longue durée. Quelques artistes laissent leur œuvre pour l’été, voire pour un temps plus long. L’année passée, par exemple, un collectif de sculpteurs liégeois, Lost Niños, a créé une œuvre qui est toujours visible. On espère, au fil du temps, créer un parcours de promenade. Le public, de son côté, réagit très bien. Nous sommes animés par l’envie de plonger les festivaliers dans quelque chose de plus fort qu’une simple série de concerts. En dehors des moments où ils profitent de la musique, les spectateurs peuvent découvrir des œuvres. Les retours sont toujours très positifs. »
Est-ce que le mycélium, la partie cachée du champignon, ne fait pas également écho à votre programmation musicale, qu’on peut également décrire comme souterraine ?
Julien Baratto : « En effet. On a toujours voulu partir loin des tendances et courants habituels, s’écarter de la programmation mainstream. Notre programmation est pointue, underground, aventureuse. Beaucoup de gens nous disent qu’ils viennent sans connaître les artistes, juste pour faire des découvertes. Le mycélium est effectivement une bonne métaphore de notre travail. »
Photo de têtière : Aelliot (via Pixabay) Photo du festival : Kat Closon © La Nature Festival
Pour aller plus loin... Le site web de La Nature