Une illumination, comme en rêvait Rimbaud… Tel est l’effet de la voix magnétique et des mots choisis de Fredda, une chanteuse qui publiait l’année dernière un septième album, Phosphène, empli d’invitations à se laisser dériver ou à retourner à la nature. L’équipe de la Maison des Métallos, à Paris, l’a invitée à rencontrer Corinne Morel Darleux, l’auteure de Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce (Réflexions sur l’effrondrement), le 26 mars. L’occasion de donner la parole à une artiste trop rare dans l’écosystème de la chanson française…
Quelle forme va prendre votre dialogue avec Corinne Morel Darleux à la Maison des Métallos ?
Fredda : « Ce sera une conversation assez simple… On ne va pas parler de politique ou retracer l’histoire du mouvement écoféministe. Je crois que Corinne Morel Darleux, que je découvre à travers ses écrits, a quitté la politique pour se rapprocher du vivant, avec des propositions de rapport direct à la nature. Moi, j’ai été invitée pour chanter mes chansons qui parlent spécifiquement de nature, de contemplation ou d’engagement (j’ai quelques chansons qui ont des toiles de fond plus engagées, sur, notamment, le réchauffement climatique). Je ferai aussi quelques lectures de carnet de voyage. Je souhaite que cette soirée donne lieu à une conversation, pas un débat. Ce sera une rencontre printanière, pour fêter le retour de la sève et accueillir le printemps. »
Les organisateurs parlent à votre propos d’écoféminisme. C’est un mot que vous revendiquez ?
Fredda : « En fait, je n’aime pas les revendications. Je n’appartiens à personne. Je ne cherche pas à coller à des goûts ou des références. J’ai pu citer ces références, comme Vandana Shiva, qui est une femme extraordinaire. Je gravite autour de l’écoféminisme, je m’en sens proche mais je reste libre. Le féminisme, pour moi, c’est aussi repenser son rapport à la nature, son rapport aux animaux, son rapport aux corps, à la douceur, à la sexualité… C’est surtout ce pendant-là qui m’intéresse. Je me sens proche de ce mouvement quand je vois ce qu’est le capitalisme, un monde très masculin. Il n’y a cependant pas de mur infranchissable. Ce rapport que j’ai au corps, un homme peut l’avoir. Ce féminin un peu – entre guillemets – « sacré » me parle. Les personnes très militantes, dans l’action, comme Vandana Shiva, parlent aussi de ce rapport-là. »
La soirée, qui est intitulée « Insurrections lyriques », a pour sous-titre « écologie, chanson et paysage ». L’écologie, c’est le rôle de Corinne Morel Darleux. La chanson, c’est le vôtre. Mais qui s’occupe du paysage ?
Fredda : « On s’occupe tous des paysages… Moi, en particulier, je crée des paysages à travers mes chansons. C’est Olivier Martinaud qui m’a invité à cette rencontre. J’étais super contente. Il m’a dit « Moi, c’est ton rapport à la chanson, au paysage, à la nature qui m’intéresse ». J’ai lu, il y a déjà quelques mois, des livres de Corinne. Elle parle aussi du paysage. La contemplation est aussi l’une de ses préoccupations. Le paysage se manifestera dans la poésie qui se dégagera de cette rencontre. »
Comment s’inscrit cette soirée dans votre parcours d’artiste ?
Fredda : « Mon disque est sorti l’année dernière. La tournée est faite. Je travaille de façon indépendante, je dispose de petits budgets mais j’ai beaucoup tourné. Il me reste maintenant des dates isolées, des invitations qui font plus appel à ma réflexion autour de la chanson et de mon action en tant que chanteuse. Je pense que la soirée avec Corinne Morel Darleux va m’amener à un nouveau projet. Pour moi, cette rencontre est intitulée « Grandeur nature ». J’ai établi une sélection de chansons tirées de mes 4 derniers albums. J’ai envie, pour la suite, de travailler sur ces chansons et sur une compilation de mes textes, avec une conscience écologique plus affirmée, moins implicite, autour de poésies spécifiquement écologiques, éco-poétiques. »
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin... La page Bandcamp qui présente Phosphène La page du site web de la Maison des Métallos consacrée à la rencontre