Festival Tomorrowland : énorme jauge, énorme amende

L’été dernier, le festival belge Tomorrowland fêtait ses 20 ans. A sa première édition, en 2005, il avait accueilli 9 000 spectateurs. En juillet, il a affiché complet, avec 400 000 tickets vendus, à des prix variant entre 129 € (le pass journée) et 5460 € (la formule très haut de gamme). Le monde entier s’y bouscule : 23 % des fêtards sont espagnols, 9 % états-uniens, 8 % suisses… Le déplacement en avion est la norme pour un grand nombre d’entre eux.

Une telle jauge implique d’immenses casse-têtes logistiques et parfois même des dérapages incontrôlés… Le quotidien Le Parisien révèle ainsi que le festival vient de recevoir une amende de 727 000 euros pour avoir utilisé des gobelets jetables plutôt que des gobelets réutilisables, comme l’exige désormais la législation. Les organisateurs ont tenté de se justifier en expliquant qu’ils avaient voulu épuiser le stock de 3 millions de gobelets existant et que l’usage de gobelets réutilisables engendrait des problèmes pratiques insurmontables, le nettoyage devant se faire à l’extérieur du site. Les autorités des Flandres ont beau jeu de rappeler que le festival a eu plus d’un an pour se préparer, que tous les autres événements sont parvenus à réaliser ce changement et que le problème était d’abord financier : en conservant ses gobelets jetables, Tomorrowland a économisé 700 000 euros, ce qui explique le montant de l’amende.

En parallèle, Tomorrowland, qui s’est depuis longtemps internationalisé, signant notamment un accord de 10 ans pour l’organisation d’éditions au Brésil, voit monter l’hostilité dans les Alpes. « Tomorrowland Winter » est en effet organisé à l’Alpe d’Huez depuis 2019. Les festivaliers s’offrent une semaine de ski et de musique électronique, slalomant entre des scènes situées entre 1800 mètre et 3300 mètres d’altitude pour un prix allant de 875 euros à 7000 euros la semaine. Là aussi, le déplacement en avion est quasiment automatique, entraînant une explosion de l’empreinte carbone de la station, pour ne rien dire de la fabrication de neige artificielle, de la pollution sonore et lumineuse, de la surexposition au risque des milieux naturels de la montagne

Un collectif constitué de membres des associations France Nature Environnement Isère, Mountain Wilderness et Actionnaires pour le climat manifeste devant les locaux de la préfecture, à Grenoble, et lance des pétitions pour que les autorités se penchent sur la légalité de l’événement. La convention passée en novembre 2023 entre la société Tomorrowland, l’Alpe d’Huez et la SATA (Société d’aménagement touristique Alpe d’Huez) leur paraît douteuse. Les règles des marchés publics semblent avoir été contournées. Les militants dénoncent des nuisances trop importantes. Seront-ils entendus ?

Photo de têtière : François Mauger

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