Fairly : « On a voulu créer le nutri-score du billet de concert »

Le jeudi 5 décembre, à 15h, une conférence aura lieu aux Transmusicales de Rennes pour présenter le Fairly Score. Cette solution informatique permet de calculer puis de communiquer sur l’impact d’un concert, d’un festival, d’une saison ou d’une tournée. Elle a déjà obtenu une récompense lors du rendez-vous annuel majeur de la scène musicale, le MaMA Music & Convention. François Gautreau, qui a participé à sa conception, présente le projet…

Comment Fairly a-t-il gagné le prix « Mama Invent RIFFX 2024 » ?

François Gautreau : « Il faudrait le demander au jury. Il y a dans notre projet une part d’innovation, certes, mais aussi une bonne part de critères RSE à mettre en avant. Il y avait cinq, me semble-t-il, très bons projets en concurrence avec le nôtre. Mais l’angle de la RSE a joué évidemment en notre faveur. Il y a eu une forme d’unanimité du jury, qui était très sensible à la question, puisqu’il y avait quelqu’un qui gère une agence de conseil et d’audit RSE, Jean-Paul Deniaud du média Pioche, qu’on connaît très bien, et André Manoukian, le président du jury. »

Comment décrire Fairly Score ? Les confrères de Pioche ont parlé du « nutri-score des concerts »…

François Gautreau : « Oui, s’il faut résumer Fairly Score en une phrase, c’est ce qui marche le mieux. Grosso modo, on s’est réveillé un beau matin de Covid en se demandant ce qu’on allait pouvoir faire pour améliorer nos pratiques de production, puisque, dans la toute petite équipe Fairly, on est historiquement des producteurs de concerts et de festivals. On eu la sensation d’être de plus en plus attentifs à des critères et des labels dans nos choix de consommation. On a donc voulu créer le nutri-score ou l’impact-score du billet de concert. C’est un calculateur d’impact. On a tendance à considérer l’impact aujourd’hui exclusivement sous l’angle du carbone mais on a voulu également prendre en compte les questions environnementales, les questions de déchets, les questions de l’eau, les questions d’énergies et, au-delà encore, les questions de politique économique et sociale, de gestion des violences sexistes et sexuelles, de parité, d’écart de salaires… Quand on produit de la culture, on ne produit pas des pâtes ou des yaourts. Il nous semblait indispensable de considérer un spectre bien plus large. »

Où en êtes-vous de votre développement ?

François Gautreau : « La structure est créée depuis 2021. Voilà deux ans, quasiment, qu’on code, qu’on développe. On béta-teste très fort depuis 6 mois. Là, on a présenté en grandes pompes au Mama une solution qui est en fait un ensemble de solutions : Fairly Score pour les événements (plutôt les festivals), Fairly Score pour les salles et Fairly Score pour les producteurs de tournées. Chaque outil a ses spécificités. On va les sortir brique par brique, pour mieux appréhender les usages différents et mieux répondre à nos utilisateurs différents. La première brique, celle des événements, sort aux Transmusicales de Rennes. La solution pour les salles suivra en janvier. La solution pour les tourneurs, qui superpose plusieurs fonctionnalités, arrivera en mars ou en avril. »

Qui, pour l’instant, a nourri votre travail avec ses données ?

François Gautreau : « On a commencé par se rapprocher de gens qui faisaient des métiers complémentaires aux nôtres. Fairly avait déjà développé Fairly Event, une solution d’encaissement : quand on va acheter quelque chose au stand de merchandising ou au bar, on voit en temps réel l’impact de sa consommation, ce qui va dans les poches de l’artiste, de l’organisateur ou de l’Etat. Fairly est par ailleurs très proche d’une coopérative basée à Marseille qui s’appelle « Grand bonheur », qui produit des albums et des festivals et qui gère une salle. Cette rencontre entre des équipes diverses nous permet aujourd’hui de proposer Fairly Score à tout un tas d’utilisateurs, de la petite à la grande structure, en passant par les collectivités. On a constitué un comité stratégique. On s’est entouré des deux syndicats majoritaires du secteur, Ekhoscènes d’un côté, le SMA de l’autre, de partenaires techniques comme SoCoop, SoTicket et SuperSoniks pour la billetterie, d’une quinzaine de structures, les plus représentatives possibles, et d’éco-conseillers comme Camille Pen, Les Augures, David Irle ou Gwen Sharp. On leur a présenté quasiment tous les mois des points d’étape philosophiques, techniques, commerciaux ou financiers. »

Est-ce que Fairly Score correspond à une réelle demande du public ?

François Gautreau : « On a carrément fait appel à une agence, Bona fidé, qui fait des sondages à tour de bras, en s’appuyant sur l’Ifop. Ils ont fait une étude pendant l’été 2023. Les retours ont été très très très confortants. Il est évident que les publics ne vont pas choisir leurs sorties dans des festivals ou dans des salles exclusivement sous le prisme de l’impact RSE mais il y a fort à parier que, dans les prochaines années, ils ne se contentent plus exclusivement de l’artistique mais qu’ils aient un œil attentif sur l’impact, comme dans d’autres sortes de consommation. On a également été rassuré par le fait que les publics penchent plutôt vers des critères denses et complexes. Ça tombe bien : on n’avait pas du tout envie d’une synthèse en « A / B / C / D / E », comme le fait le nutri-score, mais plutôt d’un triple score : une calculatrice carbone, un score environnemental plus large et un score économique et social, qu’on a construit et nourri avec une structure qui s’appelle « Impact France ». Ce triple score pourra être cliqué pour voir les sous-scores. Les Siestes, un festival de musique électronique à Toulouse, a déjà publié son score. Il a plutôt de bonnes notes, parce qu’il est urbain, gratuit, avec 90 % d’artistes et de publics qui viennent des environs en transport en commun. Mais, sur la homepage de leur site, tu peux cliquer sur les catégories du Fairly Score pour aller voir les sous-catégories. Si tu es intéressé ou curieux, voire suspicieux, tu peux découvrir le détail. Notre vœu serait même de faire des fiches sur le site de Fairly pour aller voir les notes dans les notes, puisqu’on a 35 critères et plus d’une centaine de questions. »

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Fairly
Le site web des Siestes

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