Récemment, Duval Timothy a eu l’occasion de jouer sur le piano d’Alma Maria Mahler. Il a en effet passé deux mois à la Casa Mahler de Spoleto, dans le centre de l’Italie, à réfléchir à la pertinence de l’œuvre de Gustav Mahler (en particulier de ses Chants de la terre) dans le contexte de la crise climatique mondiale. Mais ce n’est pas ce qu’on entend sur le nouvel album du pianiste anglo-sierra-léonais, ou pas seulement. On y entend aussi un piano de Freetown qui a perdu ses feutres et sonne comme un clavecin, son habituel piano londonien et des dizaines d’enregistrements de terrain : des sons d’oiseaux, de chauves-souris, d’insectes, de primates et même de plantes ou de pierres…
Duval Timothy a en effet cherché, selon ses mots, à « explorer ce que l’environnement naturel signifie personnellement » pour lui. Pas de grand discours dans ce Meeting With a Judas Tree totalement instrumental mais tout un monde de sons qui viennent, l’un après l’autre, désarçonner ses solos de piano méditatifs. Le musicien – qui exerce également mille autre activités (peintre, chapelier, auteur de livres de cuisine, créateur de baskets et brasseur de bière au gingembre…) et a participé au plus récent disque du rappeur Kendrick Lamar – provoque d’heureux accidents en branchant des pédales d’effets sur son instrument ou en ajoutant au mix des synthétiseurs bancals.
Avec ses bribes de conversation essoufflées, ses bruits de pas et tous ses mystérieux bruissements, Up semble ainsi nourri par la joie de gravir une colline par une douce après-midi. Ecrit avec l’artiste sonore sino-canadien Yu Su, Wood, qui commence comme une rumination maussade au piano, adopte vite, grâce aux trilles d’oiseaux, une scintillante légèreté. Que signifie l’environnement naturel pour l’artiste ? Que lui a apporté sa rencontre avec un arbre de Judée (Cercis siliquastrum) ? Généreux et espiègle, Duval Timothy laisse l’auditeur inventer ses propres réponses…
Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin…
La page Bandcamp de Duval Timothy