Au XVIIIe siècle, le grand projet de Jean-Jacques Rousseau – faire revivre la nature en l’homme – constitue un point de basculement. Dès le début du siècle suivant, les artistes rejettent la pensée cartésienne et mécanique pour porter sur leur environnement un regard différent.
Nombreuses sont les œuvres pré-romantiques ou romantiques qui exaltent la nature. « Quel plaisir alors de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers. Personne ne saurait aimer la campagne comme moi » écrit Beethoven dans une lettre à Theresa Malfatti de 1810. C’est cet amour du plein air qui nourrit sa Symphonie n°6, dont le titre complet est « Symphonie Pastorale, ou Souvenir de la vie rustique, plutôt émotion exprimée que peinture descriptive ».
Cette envie d’exprimer une irrépressible émotion face à la nature plutôt que de la représenter précisément s’entend également dans Les Hébrides de Mendelssohn, La belle meunière de Schubert, les Années de Pèlerinage de Liszt ou les Nocturnes de Chopin.
Le jeune Robert Schumann est animé lui aussi par une véritable montée de sève lorsqu’il écrit – en quatre jours ! – sa première œuvre pour orchestre, la Symphonie no 1 en si bémol majeur, op. 38 surnommée « Le Printemps ». Un hymne fougueux et euphorique qui s’inspire sans les imiter des forces de la nature…
Photo : Cénel et François Mauger