En octobre 2023, le Conseil Economique, Social et Environnemental a publié un sondage affirmant que près de 80 % des Français sont inquiets des conséquences des dérèglements climatiques pour eux et leur famille. Créé en 2022, l’OBSECA, l’Observatoire français de l’écoanxiété, estime pour sa part qu’ « il y aurait en France 2,5 millions d’éco-anxieux en état de devoir consulter un psychothérapeute ou un psychologue clinicien ». Ce trouble profond, très répandu chez les jeunes, Collëtte a trouvé les mots pour le chanter. Dans un clip co-financé par la Maison des éco-anxieux, elle chante « Laisse couler / Laisse-la s’en aller ». Les explications d’une ancienne éco-anxieuse…
Comment est né ce premier disque ?
Collëtte : « Ce projet est né d’une crise d’éco-anxiété. La chanson Laisse couler en est sortie. Elle est apparue à un moment où il se passait beaucoup de choses dans ma vie. Avant cela, je travaillais dans le marketing digital. J’ai remis en question tout mon mode de vie quelques mois après avoir perdu ma sœur, qui est décédée assez brutalement. Je suis devenue assez anxieuse à propos de l’environnement, assez sensible à toutes les informations que je recevais à ce sujet. La première chanson que je me suis autorisée à écrire, ça a vraiment été Laisse couler. Tout le projet en a découlé. Il est le résultat d’une vraie introspection, d’une réflexion sur les causes de cette crise. Sous l’éco-anxiété, il y avait d’autres choses à travailler pour aller mieux. Mon premier EP creuse dans ces aspects de ma personnalité qui ont longtemps rendu ma vie difficile. En les affrontant, j’ai pu me ré-aligner. »
Au fond, quel est le sujet de Laisse couler ? La « peur du futur » que vous évoquez à la fin ?
Collëtte : « Oui, à la fin, je parle de la « peur du futur ». A posteriori, j’analyse cette peur comme un manque de confiance en soi, une crainte que nos actions n’aient pas assez d’impact. A une époque, lire un article alarmant expliquant que la planète allait exploser me mettait dans tous mes états. Ça, c’était il y a 5 ou 6 ans, on commençait à en parler dans les médias. Oui, Laisse couler parle de la peur de ne pas pouvoir mettre en place les actions nécessaires pour avoir un futur. Le manque de confiance en soi nourrit une forme d’inaction. Alors, pour moi, la capacité à passer à l’action est vraiment importante, que ce soit au travers de la musique ou d’une autre façon. Moi, j’ai choisi l’art comme vecteur d’expression et j’espère à l’avenir pouvoir écrire des chansons encore plus engagées. »
La musique vous a-t-elle permis de voir l’avenir autrement ?
Collëtte : « Déjà, la musique m’a permis de voir l’avenir autrement à titre personnel. Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui, plus alignée. Je sens que je suis au bon endroit, ce qui n’était vraiment pas le cas avant. J’avais vraiment du mal à comprendre où la vie allait me mener. C’était une sorte d’autoroute : on ne sait pas trop pourquoi on est là et où on va. La musique m’en a sortie. Plus largement, il me reste beaucoup de choses à faire pour avoir une démarche plus écoresponsable. Je dois m’engager dans des actions collectives. Ces actions doivent s’intensifier parce qu’elles sont encore trop rares… »
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Collëtte
Le site web de la Maison des éco-anxieux