Si les 13,8 milliards d’années qu’a l’univers étaient ramenées à une année civile, l’homo sapiens apparaîtrait le soir du réveillon, 4 minutes avant minuit. Voilà le genre d’information qui peut faire naître une chanson dans le cerveau de Célestin. Ce troubadour aux textes soignés donne un concert sans électricité chaque vendredi soir jusqu’au 20 décembre dans une petite salle parisienne, la Divine Comédie. Il en parle…
Pourquoi organiser ces concerts sans électricité ?
Célestin : « La première des raisons est que je chante beaucoup de chansons écologiques. C’est quelque chose qui me tient à cœur, depuis que je suis tout petit. Je trouve logique que, dans la formule que je propose, il y ait déjà cette réflexion : on peut changer nos façons de fonctionner. Moi, je suis musicien depuis que j’ai 20 ans. En fait, j’ai toujours fait ça. J’ai toujours joué dans de grandes salles, avec du son, de la lumière, des moyens techniques parfois assez conséquents, voire de la vidéo… En ce moment, je suis dans une période où j’ai envie d’un retour à quelque chose de plus essentiel, de plus sincère, de plus proche des gens. Les concerts sans électricité vont vraiment dans ce sens-là. Il sont assez intimistes. Il faut forcément une salle à dimension humaine. Ce sont des guitare / voix acoustiques, donc, pas de micro et pas d’amplification. La lumière vient de bougies, de vraies bougies, pas des bougies à Led, comme en voit dans les concerts candlelight. Il y a des bougies par terre et des bougies suspendues, qui flottent un peu dans l’air, comme des étoiles. »
Sur Les temps passent, vous chantez que « La récré, c’était loin d’être la fashion week ». La sobriété, pour vous, ça a commencé très tôt ?
Célestin : « Oui, tout à fait. Ça a commencé très tôt mais d’une façon un petit peu subie. Je n’irai pas jusqu’à dire que ça s’appelait plutôt de la pauvreté à l’époque, parce que je n’ai pas envie qu’on me plaigne. J’ai toujours eu de quoi manger mais on n’avait pas forcément de quoi s’acheter des vêtements comme c’est le cas maintenant. J’avais une paire de chaussures pour l’hiver, une paire de chaussures pour l’été et, comme je le dis dans cette chanson, quand il pleuvait, je mettais des bottes en caoutchouc pour ne pas me mouiller les pieds. On s’en foutait. L’apparence, ce n’était pas important. Il y avait une vraie sobriété. »
Vous avez mis en musique l’histoire de l’univers de façon très amusante sur Que votre année soit bonne. Comment choisissez-vous ces sujets décalés ?
Célestin : « Ils paraissent décalés à pas mal de gens mais, pour moi, ils sont très calés. C’est une chanson basée sur le calendrier cosmique de Carl Sagan. Carl Sagan est un astrophysicien des années 70. C’est lui qui a eu l’idée de prendre l’histoire de l’univers et de la ramener à une année civile, pour qu’on se rende compte des proportions. Moi, je connais ça depuis que j’ai 6 ou 7 ans. J’ai toujours été passionné d’astronomie. A 8 ans, j’ai eu ma première lunette astronomique. Je passais déjà des nuits à regarder les étoiles. J’étais abonné à Ciel & espace. Ce calendrier, j’avais envie de le partager. Comme tous les auteurs-compositeurs, je m’inspire de ma vie et de ce qui me touche. »
Vendredi noir évoque le Black Friday, Dans l’ordre l’acceptation des désastres en cours… Quel pouvoir ont, selon vous, vos chansons ?
Célestin : « « Pouvoir », le mot est fort. Moi, malheureusement, je n’ai pas du tout la prétention de la prétention de changer le monde. Sinon, je serais plus optimiste. Par contre, je me rends quand même compte que les mots, associés à des mélodies, associés à l’humour et à la poésie, voyagent relativement bien. Sans parler de « pouvoir », c’est en tout cas une façon de partager avec – je l’espère – le plus grand nombre ce que j’ai sur le cœur. Je le redis : c’est un sujet qui me touche depuis que je suis vraiment tout petit. J’étais vraiment très jeune quand j’ai commencé à prendre conscience du problème. Même si mes chansons n’ont pas toutes un but écologique ou d’éveil de certaines consciences, je me dis « Autant me servir de ma voix ». C’est un privilège de chanter, d’être sur scène, d’être écouté. Autant m’en servir pour faire passer mes idées… »
Photo de têtière : François Mauger
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