« Rendez-vous dans trois ans » lâche l’archetier Yannick Lecanu… Le « meilleur ouvrier de France » 2007 s’est réjoui d’apprendre que le bois de pernambouc n’a pas été classé dans l’annexe 1 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), ce qui en aurait interdit tout commerce. Mais il sait bien que rien n’est définitif. « Le Brésil ne va pas rester en plan », explique-t-il, « cet arbre est trop important pour lui, c’est lui qui a donné son nom au pays ».
Petit retour en arrière : le pernambouc, ou « pau-brasil » pour les premiers colons (« Paubrasilia echinata » pour les botanistes), est un arbre d’une grande valeur parce que son bois est d’une densité remarquable. Les fabricants d’archets (« archetiers ») ne jurent que par lui depuis plusieurs siècles. Malheureusement, originaire du Nordeste, il a subi le même sort que la forêt atlantique brésilienne : il a été décimé. Le gouvernement brésilien a donc fait demander l’interdiction de son commerce à la Cites. Après une intervention de l’Union Européenne en faveur des archetiers, les diplomates réunis à Panama du 14 au 25 novembre ont décidé de laisser la précieuse essence dans l’annexe 2.
Petit bond en avant : dans moins de trois ans, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) se réunira à nouveau. Tous les efforts pour préserver l’espèce – études scientifiques, plantations – seront à nouveau évalués. Depuis 20 ans, les professionnels du monde entier, rassemblés au sein de l’Initiative internationale pour la conservation du pernambouc (IPCI), ont en pris de nombreuses initiatives. 340 000 arbres ont déjà été plantés. Mais les autorités brésiliennes ne tiennent pas compte de l’ensemble de ces actions, parce que certaines ont lieu en dehors des cadres définis. Or, comme l’explique Yannick Lecanu, « le pernambouc pousse bien mais pas partout ; il supporte mal la monoculture ».
Il reste donc une trentaine de mois aux deux parties pour se rapprocher, dans l’intérêt de l’arbre, et pour trouver les moyens de faire cesser son exploitation illégale. Les violonistes, violoncellistes et contrebassistes ne s’en doutent peut-être pas mais, lorsqu’ils sortent leur archet de sa housse, c’est un morceau de diplomatie écologique qu’ils empoignent.
Photo de têtière : Iga Vandenhove
Pour aller plus loin…
Le site web de la Cites
Le site web de l’IPCI