La Cites (la conférence des parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) vient de s’ouvrir au Panama. Elle durera jusqu’au 25 novembre, en parallèle de la COP 27 qui, elle, a lieu en Egypte. Au Panama, les différents pays représentés devront se mettre d’accord sur la préservation des animaux et des plantes sauvages qu’une exploitation irraisonnée pourrait menacer.
Lors de cette rencontre sera mise au vote la proposition du Brésil de réduire drastiquement, en le faisant classer dans l’annexe 1, le commerce du bois de Pernambouc. L’idée qu’une telle décision pourrait être prise met hors de lui le monde de la musique classique. Les meilleurs archets destinés à mettre en mouvement les cordes des violons ou des violoncelles sont en effet fabriqués dans cette matière issue des forêts du nord du Brésil, d’une densité et d’une rigidité quasiment inégalées.
Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde le 8 novembre, près de deux cents personnalités (Simon Rattle, David Grimal, Yo-Yo Ma, Martha Argerich, Renaud et Gautier Capuçon, Pascal Dusapin…) font part de leur préoccupation.
Le classement en annexe 1 entraînerait l’impossibilité de transporter ce bois sans une autorisation spéciale, difficile à obtenir, y compris lorsqu’il s’agit de prendre l’avion pour aller donner un concert à l’étranger. « Nous sommes bien conscients des enjeux environnementaux majeurs auxquels notre société doit faire face » assurent les signataires, avant d’ajouter « Nous avons également la conviction que la culture au sens large doit rester un sujet essentiel. N’entravons pas la diffusion de la culture en général et de la musique en particulier sous de faux prétextes. Ne faisons pas du monde musical un bouc émissaire de la déforestation ».
La fabrication d’archets ne requiert en effet que peu de bois. Selon les artistes, la consommation de bois de Pernambouc peut être estimée à un arbre par an pour l’ensemble des artisans français. Ils rappellent également que les luthiers et les archetiers financent déjà des programmes de conservation et de replantation de bois de Pernambouc.
Il n’en reste pas moins que ce végétal (Paubrasilia echinata) qui a longtemps été le symbole du Brésil approche dangereusement de la disparition. Cette plante peu commune – il s’agit en réalité d’une plante à fleurs de la famille des légumineuses, qui pousse exclusivement dans les forêts pluviales atlantiques du Brésil, sur des sols sablonneux ou argileux, et qui prend en son cœur une teinte orangée – a été plus que décimé : il reste aujourd’hui moins de 10% de sa forêt d’origine.
Dans leur tribune, les musiciens appellent à l’aide « tous les ministères en charge de la culture, de l’environnement, de l’artisanat, des relations internationales ». Trouveront-ils, avec les experts et les représentants des institutions internationales, une solution à leur problème ?
Photo de têtière : Rosina Kaiser (via Pixabay)
Pour aller plus loin... Lire la tribune parue dans Le Monde