« Birds & beasts » : l’ambient country méditative de Suss

Suss a inventé l’ambient country et on les en remercie. Sans eux, personne n’y aurait pensé (ni ne se serait plaint de l’inexistence de la chose). De quoi s’agit-il ? D’une musique essentiellement instrumentale mue par des guitares de toutes sortes : pedal steel guitar, dobro, national guitar, baritone guitar, guitare acoustique, guitare électrique… Le trio manie également le violon, l’harmonica, l’harmonium et différents claviers. Une panoplie d’instruments typiquement country, utilisée dans une atmosphère, qui, effectivement rappelle l’ambient : ici, une brume de chaleur semble nimber d’une aura tremblante des notes sans attache, qui traversent nos écrans mentaux à la vitesse imprévisible des « tumbleweeds », ces buissons roulants qui décorent les westerns.

Pourquoi en parler ici ? Parce que Suss a choisi d’intituler son nouvel album Birds & Beasts. Les morceaux s’appellent Overstory (le titre originel de L’Arbre-monde, le douzième roman de Richard Powers), Flight, Prey ou Migration.

N’allez pas croire que ces trois musiciens – Bob Holmes, Jonathan Cregg, Pat Irwin – sont des cow boys naturalistes, comme on peut en croiser dans le Montana. Non, ils sont de New York et ont principalement sillonné les vastes espaces américains à l’arrière d’un bus de tournée (l’un d’eux a joué de la guitare pour les B-52’s).

Ce qu’ils dessinent avec leurs guitares n’est pas un jardin d’Eden. Dans leurs paysages imaginaires, tout cohabite, le calme et la menace, le silence et le bruit, l’oiseau et l’homme. L’auditeur le sent : si la question animale a été un point de départ, elle n’est plus sur la ligne d’arrivée. Sur le dernier titre d’un peu plus de 10 minutes, Migration, on entend quelqu’un dire dans le lointain « Finalement, ils ont cru qu’ils avaient les réponses ». Birds & beasts n’est donc probablement qu’une méditation douce-amère, à la fois grandiose et modeste, sur le destin des animaux humains. Suss les croit-il voués à la disparition ? Il faudrait le demander aux trois musiciens. En attendant, autant se laisser porter par le vent que créent les envoutantes vibrations de leurs cordes…

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Suss

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