Comment tout cela a-t-il commencé ? De quoi est née la musique humaine ? Même les archéologues l’ignorent…
Tout au plus peuvent-ils nous renseigner sur la musique du paléolithique supérieur, l’époque où, malgré le froid (la dernière période glaciaire se termine il y a environ 10 000 ans), l’homo sapiens parvient en Europe, domestique le chien pour la chasse et développe l’art pariétal dans des grottes telles que celle de Chauvet. Les plus anciens instruments connus sont en effet les contemporains des chevaux, des aurochs et des rhinocéros qui galopent sur les roches de l’Ardèche : il s’agit de trois flûtes découvertes dans la grotte de Hohle Fels au sud de l’Allemagne.
Les archéomusicologues nous apprennent que nos ancêtres utilisaient également des sifflets taillés dans des phalanges de rennes, des rhombes (instruments à vent qu’il faut faire tournoyer), des racleurs (instruments de percussion frottés), des lithophones (assemblages de pierres dont on peut jouer comme d’un xylophone), des cors…
Récemment, l’équipe du Centre de recherche et d’études de l’art préhistorique Émile Cartaihac (Creap) a prouvé qu’un coquillage en forme de conque trouvé dans la grotte ornée de Marsoulas (Pyrénées) était un instrument de musique. A l’instar du Martiniquais Philo, de nombreux musiciens des Caraïbes ou du Pacifique soufflent encore aujourd’hui dans ces coquillages. Cet instrument vieux de 18 000 ans démontre qu’il était déjà utilisé par les hommes du Paléolithique.
Oui mais avant cela ? Pour la plupart de ceux qui se questionnent sur l’origine de la musique, il existe une réponse simple : la nature. Les premiers chants des humains étaient très certainement des réponses à ceux des autres animaux, les premiers rythmes des imitations de ceux du vivant…
L’homo sapiens, dont l’acuité auditive était nécessairement supérieure à celle de l’homo numericus, était profondément lié à ce qui l’entourait. Pour ce que l’on en sait, ses chants, ses battements de mains, sa façon d’entrechoquer des pierres ou de souffler dans des morceaux de bois creusés traduisaient des sentiments simples, transcendés lors de rituels de connexion au monde, de communication avec les autres esprits. On imagine que sa musique était aussi utile pour la chasse ou la guerre ; elle conserve d’ailleurs cette fonction chez certains peuples premiers.
Pour le reste, faute d’informations, il ne nous reste qu’à nous intéresser aux expériences de l’archéoacousticien Rupert Till, rêver avec lui des premières mélodies ou réécouter le numéro spécial des « Epaules de Darwin », la formidable émission de Jean-Claude Ameisen, consacré en 2014 aux premiers musiciens.
A l’heure actuelle, une seule chose est sure à leur propos : la nature ne pouvait être qu’au cœur de leurs créations…
Photo : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin... http://dans-la-lune (...) .fr/2016/07/25/aux-origines-de-musique/ https://www.franceinter (...) .fr/emissions/sur-les-epaules-de-darwin/sur-les-epaules-de-darwin-22-fevrier-2014 https://lejournal.cnrs (...) .fr/articles/ce-coquillage-est-un-instrument-de-musique-vieux-de-18000-ans