Chez Minvielle, tout fait sens. L’oral est roi, l’oreille attrape ce qu’elle peut, capte ce qu’elle croit. Le « keskifon ? » du refrain peut donc s’entendre « qu’est-ce qui fond ? » ou « qu’est-ce qu’ils font ? », voire – les « kifon » se succédant – quelque chose comme « qu’est-ce qui (est) funky ? ». Rien n’est hors sujet.
Il est effectivement question ici de la fonte d’un « bout de carotte glacière » dans le verre de « monsieur Claude Lorius », estimable « pionnier de la glaciologie », puis de la disparition des banquises. Il y est aussi question de ce « qu’ils font » : « C’est misère sévère cette affaire / Ces cheminées qui pestifèrent / (…) Z’ont beau se réunir nos pairs / La terre a les quat’ fers en l’air ». Mais entendre le mot « funky » n’est pas non plus aberrant, tant le troubadour béarnais multiplie sur cet album les embardées dansantes, sur fond de percussions synthétiques et de basses créoles.
Sur ce Keskifon, le rythme est plus sage, plus incertain aussi. La chanson glisse des claviers sinueux sous les mots que le vocalchimiste fait tenir en équilibre les uns au-dessus des autres, avec l’audace des funambules. En bon Pyrénéen, André Minvielle n’a pas le vertige. Juste un peu le bourdon quand il pense à la fonte des glaces…
(extrait de 1time)
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Photo : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web de l'artiste : https://www.andreminvielle .com/