écrivait Debussy, alias Monsieur Croche, son pseudonyme lorsqu’il écrivait des critiques musicales. L’auteur de Clair de lune ou de La Mer confiait en janvier 1911 à la revue Comoedia : « Je me suis fait une religion de la mystérieuse nature. Je ne pense pas qu’un homme revêtu d’une robe abbatiale soit plus près de Dieu, ni qu’un lieu dans la ville soit plus favorable à la méditation. Devant un ciel mouvant, en contemplant, de longues heures, ses beautés magnifiques et incessamment renouvelées, une incomparable émotion m’étreint. La vaste nature se reflète en mon âme véridique et chétive. Voici les arbres aux branches remontées vers le firmament, voici les fleurs parfumées qui sourient dans la prairie, voici la terre douce tapissée d’herbes folles… Et, insensiblement, les mains prennent des poses d’adoration… Sentir à quels spectacles troublants et souverains la nature convie ses éphémères et tremblants passagers, voilà ce que j’appelle prier ».
Mais le compositeur regardait la nature, plus qu’il ne l’écoutait. « Le regard que pose Debussy sur la nature ressemblerait à celui d’un peintre travaillant « sur le sujet » si le temps n’était pas d’une importance primordiale » explique le compositeur et musicologue François-Bernard Mâche, qui précise : « par l’importance accordée à la sensation, et surtout par le plein air, il est en effet proche des impressionnistes, bien qu’on se soit depuis longtemps préoccupé de le détacher de cette école, mais au lieu de vouloir fixer un instant, c’est un processus temporel qu’il rêve de prendre comme modèle de ces correspondances mystérieuses entre la nature et son imagination ».
Photo : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin... https://www.canalacademie (...) .com/ida9902-Debussy-et-la-nature-Je-me-suis-fait-une-religion-de-la-mysterieuse-nature.html