Dans son essai Le grand orchestre des animaux, Bernie Krause s’étend longuement sur les observations réalisées par l’ethnomusicologue Louis Sarno chez les Bakas de la forêt de Dzanga-Sangha, dans l’ouest de la République centrafricaine.
Il explique que Sarno « assista maintes fois à leurs improvisations et, plus il devenait familier avec leur musique et leur habitat, mieux il reconnaissait les liens mimétiques entre celle-ci et les rythmes imprimés par les stridulations des insectes et les coassements des grenouilles, les solos des oiseaux et les entrées en scène ponctuelles des mammifères, ainsi que les multiples manières dont les structures sonores des hommes et des animaux se reflétaient mutuellement ».
Le bioacousticien ajoute : « Il suffit d’écouter les splendides enregistrements de Sarno pour percevoir le lien profond évoqué plus haut. La musique des Bakas, l’ « un des titres de gloire cachés de l’humanité » selon lui, met en relief des voix chaudes et pleines et des harmonies éclatantes. Les textures sonores, les rythmes complexes, les consonances et dissonances découlent des biophonies locales et subissent leur influence ».
Photo : Cénel et François Mauger