Streaming : ce que coûte l’écoute

Utilities Now, un site états-unien de comparaison de fournisseurs d’électricité, vient de publier une étude sur les stars dont les titres, parce qu’ils sont écoutés en streaming, consomment le plus d’énergie. Première sur le podium, Taylor Swift, dont les titres écoutés génèrent l’équivalent de 127,9 millions de kilogrammes de CO2. Elle est suivie, dans l’ordre, de Drake, Bad Bunny, the Weeknd, Ed Sheeran, Eminem, Ariana Grande, Kanye West, Justin Bieber, Coldplay, Post Malone… Le premier Français de la liste, David Guetta, arrive bien derrière, avec l’équivalent de 34,6 millions de kilogrammes de CO2. Le genre musical qui consomme le plus d’énergie est la musique latine, juste devant la pop.

Pour estimer l’empreinte carbone associée à chaque artiste, le site s’est contenté d’utiliser les chiffres de Spotify. Il a multiplié le nombre total d’écoutes sur Spotify par la durée moyenne d’une chanson, puis par le taux de consommation d’énergie moyen du streaming musical et a converti la consommation électrique obtenue en émission de gaz à effet de serre. Un peu trop simple ! Un grand nombre d’étapes ont été sautées dans ce processus. D’abord, le site a écarté des concurrents de Spotify aussi importants qu’Apple Music, Deezer, Amazon Music, Youtube Music, Tidal ou Soundcloud, pour se limiter aux plate-formes occidentales, sans compter, par exemple, leurs homologues chinoises (Tencent, NetEase Cloud Music, Taihe Music Group, Alibaba Planet…). Le site n’a pas non plus tenu compte de l’impact des équipements utilisés pour écouter la musique, notamment les téléphones portables, impact colossal selon une étude récente de l’Ademe…

Même ainsi, les résultats sont plus qu’inquiétants. L’empreinte carbone du streaming de titres de Taylor Swift équivaut à celle de 140 000 billets pour un vol en avion au-dessus de l’Atlantique, aller-retour (données Google Flights). Et il faudrait planter 5,8 millions d’arbre pour la compenser. Ce n’est naturellement pas Taylor Swift ni ses concurrents qu’il faut blâmer. Surtout pas Bad Bunny, qui défend, sur des titres comme Lo que le pasó a Hawaii, les espèces endémiques de son île. Le problème vient d’un terrible « effet rebond » : écouter un album en streaming a un impact carbone nettement plus faible que l’action de l’acheter en CD ou en vinyle mais, parce que cliquer sur une icône est infiniment plus simple et moins onéreux, le streaming démultiplie dans des proportions inimaginables la consommation musicale mondiale. Il serait temps d’avoir des chiffres mieux consolidés et plus globaux pour mieux mesurer l’ampleur du problème !

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
L'étude d'Utilities Now
L'étude de l'Ademe

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *