Les murs vibrent, le sol tremble, les lumières semblent vaciller. Seul point fixe : au centre de la pièce, deux blocs de pierre de grande taille, sertis de sphères sombres qui évoquent des yeux. C’est pourtant d’audition qu’il est ici question.
Pour réaliser Stone speakers – les bruits de la terre, Julian Charrière a réuni des enregistrements de volcans réalisés en Colombie, en Ethiopie, en Islande, en Indonésie et en Italie. Déchaussé, plongé dans une demie obscurité, le visiteur s’immerge dans le son, percevant autant l’œuvre par sa voûte plantaire que par ses tympans. Et qu’entend-il ? S’il s’attendait à un long et lent grognement, il sera surpris. Dans le travail de l’artiste franco-suisse, les changements se succèdent à un rythme rapide, comme des vagues sur un rivage. La composition est colorée, mouvementée, contrastée mais avant tout énigmatique. S’agit-il de coulées de lave ? De rocs qui se brisent sous la pression ? De pierres qui dévalent une pente, s’entrechoquant dans un inexplicable carillonnement ? Rien n’est sûr.
Dans cette petite salle au sous-sol du Palais de Tokyo, où Stone speakers est présenté jusqu’au 5 janvier 2025, le volume diminue parfois. Le spectateur saisit alors les spasmes de l’installation malmenée. La notion d’ « expérience » prend alors tout son sens. C’est un dispositif remarquable qui permet ce voyage dans les entrailles de la terre, en direction de l’inouï. Repu d’ondes, le visiteur ressort de la pièce et se rechausse en se disant que la vie de la terre est bien plus riche qu’il ne le pensait…
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web du Palais de Tokyo