Les « Rencontres Architecture Musique Ecologie » (abrégées en « RAME » par les habitués) ont déjà un quart de siècle…
« Ces rencontres ont été fondées en 1998 » se souvient Pierre Mariétan, leur fondateur. « Elles réunissent tous ceux qui sont intéressés par la question de l’écologie auditive, quelle que soit leur profession. Ce qui compte, c’est qu’ils souhaitent que notre monde soit vivable pour l’oreille. Elles ont eu lieu chaque année, une fois par an, sauf pendant la période du Covid. Elles ont longtemps eu lieu en Suisse, ce qui correspondait à une demande d’un membre du gouvernement. On a choisi de se réunir dans une région alpine, le Valais, où voisinent des sites très différents. La vallée centrale du Rhône est industrielle, bruyante. Les vallées latérales sont des havres de calme et de paix. On a changé de lieu chaque fois, pour avoir des objets d’observation différents. A partir de 2006, on a publié chaque année un numéro de la revue Sonorités regroupant les principales interventions. »
Si on remonte un tout petit plus loin, le premier Congrès Mondial d’Écologie Sonore avait eu lieu en 1997 à l’abbaye de Royaumont, près de Paris. Les rencontres qui ont suivi et qui se poursuivent encore aujourd’hui ont été et sont autant d’appels à prendre en compte la dimension sonore dans les initiatives de préservation de l’environnement et d’amélioration des milieux de vie.
« Il y a une grande confusion entre l’écologie sonore et la problématique du silence » s’agace le compositeur. « Non, l’écologie sonore, ce n’est pas le silence, c’est plutôt la capacité de percevoir ce qui est autour de nous. Si nous ne pouvons pas percevoir les sons qui nous entourent, c’est que nous ne sommes pas dans une bonne situation. Il y a un envahissement général de la planète par le son anthropophonique. Les avions sont partout, les haut-parleurs aussi. »
Le musicien d’origine suisse s’inquiète également du peu d’intérêt général pour les questions de qualité de l’environnement sonore. « En général, les urbanistes voient les choses mais ne les écoutent pas. L’un des grands pontes du CNRS était venu à une rencontre et nous avait expliqué comment améliorer la qualité sonore d’une avenue en plantant de petits arbustes au milieu. Ça n’a pas de sens : il faut au moins 500 mètres d’arbres pour éteindre le bruit d’une autoroute. Quand je suis allé à des réunions ministérielles, j’ai été effaré par la façon dont on parlait de notre environnement sonore en utilisant des termes visuels. Si on veut vraiment se joindre au mouvement écologique, il faut le faire avec les oreilles, pas avec la vue. »
Très ouvertes, les Rencontres Architecture Musique Ecologie ont toujours essayé de réunir des personnes d’horizons différents (d’où leur nom) et d’éviter de trop se spécialiser (« Il fallait refuser à tout prix de se centrer sur une seule question, un seul domaine, parce que le son déborde toujours » rappelle Pierre Mariétan). Les prochaines auront lieu du 10 au 13 juillet. « On a quitté la Suisse pour essaimer » confie l’octogénaire bientôt nonagénaire. « Dorénavant, les rencontres seront itinérantes. Cet été, elles auront lieu à Limoges ; l’année prochaine à Barcelone. Une nouvelle vie s’annonce pour ces rencontres, tandis que, moi, je me retire petit à petit, parce que je n’ai plus l’âge de courir partout. »
Photo de têtière : François Mauger
Portrait fourni par Pierre Mariétan
Pour aller plus loin...
L’adresse mail pour s’inscrire aux rencontres de Limoges : dominique.habellion [@] unilim.fr