Retenez la date : le premier mars, l’association Sonatura fête ses 20 ans d’existence. Vous ne connaissez pas Sonatura ? « C’est une association qui a pour objectif de sensibiliser à la nature par une approche sonore. C’est en même temps un collectif qui édite une revue sonore spécialisée sur les sons de la nature, d’abord sous la forme d’un CD, aujourd’hui en ligne » explique Pascal Dhuicq, son président, par ailleurs praticien du droit de l’aménagement et de l’environnement.
« Le collectif regroupe une cinquantaine d’auteurs qui font des prises de son et qui les partagent » poursuit-il. « Autour, il y a des aficionados, qui ne pratiquent pas nécessairement la prise de sons eux-mêmes mais qui se passionnent pour l’écoute, la découverte du paysage sonore, la bioacoustique, les chants d’oiseaux… Ça, ça fait beaucoup de monde. Si on prend les anciens abonnés à nos albums et qu’on ajoute tous ceux qui gravitent autour des groupes de discussion sur Framaliste, sur Facebook (où on compte plus de 1000 inscrits) et cetera, on dépasse les 1200 passionnés. »
« Sonatura a été lancé par 3 passionnés en 2004 » rappelle Pascal Dhuicq. « Je faisais partie de leurs proches, de ceux qui, au début, n’y croyaient pas trop, mais j’ai vite rejoint le groupe. Nous avons lancé un CD et, au fil du temps, c’est devenu une association florissante. Les gens qui écoutaient nos CDs nous demandaient des renseignements pour savoir comment avaient été enregistrés les disques, comment enregistrer eux-mêmes, s’il y avait d’autres passionnés près de chez eux… »
Depuis 2004, la pratique audionaturaliste a évolué. Fêter l’anniversaire de l’association, c’est aussi mesurer son développement. « Ce qui a le plus changé, c’est la technologie » constate Pascal Dhuicq. « Elle est plus simple, plus performante et plus facile d’accès. Ça a facilité la venue d’un nouveau public. Au départ, cette activité était réservée à des gens qui avaient les moyens de se payer du bon matériel mais, au début de ce siècle, on a franchi une période charnière : on est passé d’un matériel très coûteux à un matériel bien plus accessible. Ça a permis à de jeunes musiciens qui s’intéressaient aux expérimentations électro-acoustiques ou acousmatiques de s’approcher du vivant. Aujourd’hui, toute une génération de jeunes font du « field recording », ce qui n’est rien d’autre que de la prise de son sur le terrain. Eux n’avaient pas à l’origine de visée naturaliste ; certains n’en ont pas plus aujourd’hui mais beaucoup ont cherché à en savoir plus, sur les chants d’oiseaux par exemple. De fil en aiguille, ils se sont intéressés à ce qu’on faisait, pour apprendre à mettre un nom sur une émission sonore originale. Chez eux, le son est devenu un thème en soi. Nous, on a gardé le cap de notre passion pour la nature. »
Les festivités du premier mars 2024 auront lieu à Charenton-le-Pont, la ville où Sonatura a vu le jour, dans la salle des congrès de la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie. Elles prendront la forme de rencontres et d’une rétrospective de 20 ans d’audionaturalisme. « On veut faire découvrir notre travail, partager des connaissances, donner envie de nous rejoindre… » détaille Pascal Dhuicq. « L’objectif est de montrer que le son n’est pas systématiquement la cinquième roue du carrosse, qu’il y a, derrière nos enregistrements, tout un travail d’approche et de repérage, ainsi qu’une grande connaissance de la nature. L’objectif est aussi de nous rencontrer : beaucoup de gens ne nous connaissent que par le biais des réseaux sociaux et se retrouver en chair et en os, c’est toujours mieux. »
Rendez-vous, donc, à Charenton-le-Pont !
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web de Sonatura