Il est programmé à la « Nuit du Rossignol », la soirée par laquelle la Philharmonie de Paris fête le printemps, le 30 mars. Il joue également dans le cadre du Festival de l’oiseau, le grand rendez-vous des amoureux de la nature en baie de Somme. De nombreux mélomanes découvrent soudain Electroplume, alors que Christophe Piot, l’homme-orchestre qui se cache sous ce nom (et parfois un masque de poulet), mène ce projet depuis 20 ans. Il explique comment il concilie rythmiques volubiles et trilles volatiles…
La batterie n’est pas l’instrument qu’on associerait le plus naturellement au chant des oiseaux. Comment vous en est venue l’idée ?
Electroplume : « En plusieurs temps. Je suis d’abord batteur. Quand je me suis intéressé au chant d’oiseau, je l’ai fait avec une approche axée sur le rythme. Evidemment, les chants des oiseaux sont très mélodiques mais leur rythme est lui aussi fascinant. Je me suis dit que je pouvais créer l’accompagnement musical pour qu’on joue ensemble. »
Comment procédez-vous ? Faites-vous vos propres enregistrements ?
Electroplume : « Ca dépend. Au tout début, j’ai utilisé des enregistrements de Jean-Claude Roché ou de François Charron. Je les avais contactés pour leur demander l’autorisation. Puis j’ai fait un projet avec le Parc Naturel Régional de Brières et, là, j’ai travaillé avec une audionaturaliste, Catherine Bouchain. Elle avait fait la plupart des prises de son, je m’étais occupé des ambiances. Quand je suis parti travailler sur les oiseaux d’Argentine, j’ai réalisé tous les enregistrements. Depuis deux ou trois ans, je travaille sur la notion d’oiseaux disparus, ceux, notamment, qui n’ont jamais été enregistrés. J’essaie de reconstruire des chants à partir des enregistrements dont je dispose. Je les découpe et j’essaie de recréer une structure de chant imaginaire. J’ai l’espoir d’un jour pouvoir les faire chanter par une personne qui siffle les oiseaux très bien, pour avoir un son plus organique. »
Quelle forme votre travail prend-il sur scène ?
Electroplume : « Je suis derrière ma batterie et j’ai un appareil, un pad, avec plusieurs zones sur lesquelles je peux taper. Un son est assigné à chaque zone. C’est un outil qui est prévu pour des sons de batterie électronique mais j’y ai mis des chants d’oiseaux. Ce sont parfois des phrases très courtes, que je lance au fur et à mesure du morceau. D’autres fois, c’est un phrasé qui dure 30 secondes ou une minute. Je peux aussi lancer des ambiances. Je joue de la batterie en même temps. Ce n’est pas totalement improvisé. Je sais quel chant d’oiseau je dois déclencher et ce que je vais jouer pour les accompagner. Mais j’ai plus de liberté que si je jouais avec une bande qui défilerait. Je peux repasser une phrase, jouer plus ou moins de batterie… »
Vous donnez également des concerts pédagogiques. Comment les enfants réagissent-ils ?
Electroplume : « Ils adorent ! Les enfants ne se demandent pas si la batterie s’accorde bien avec les oiseaux. Dès qu’on leur dit qu’il va y avoir une batterie, ils font « Wah ! ». Quand je fais des concerts pédagogiques, je discute avec eux, je leur raconte comment chantent les oiseaux. Je leur dis que la grive répète trois fois ce qu’elle dit ; elle répète trois fois ce qu’elle dit ; elle répète trois fois ce qu’elle dit. Ça les fait rire et, en même temps, ils comprennent le principe. C’est toujours un moment d’échange. Ils sont très réceptifs, très à l’écoute. Ils ne voient pas les oiseaux, ils ne voient qu’un batteur. Ça pourrait sembler abstrait mais pour eux, ça ne l’est pas du tout. On s’amuse bien… »
Voilà vingt ans que vous menez ce projet. Comment a-t-il évolué ces derniers temps ?
Electroplume : « Mon travail le plus récent porte sur les chants d’oiseaux disparus. Je suis sorti d’une logique géographique. Avant, je travaillais sur les oiseaux d’une zone. Désormais, j’ai la sensation de ne plus avoir à prouver qu’on peut accompagner des oiseaux avec une batterie. Je me sens plus libre d’aller chercher des espèces, juste parce que j’ai envie de les jouer. Jusque là, c’était un projet solitaire. J’ai toujours été très autonome. Récemment, un tourneur a décidé de me rajouter à son catalogue. Beaucoup de concerts s’annoncent. C’est une très bonne chose. Les concerts, c’est ce qui me donne envie de poursuivre ce projet. Il y aura évidemment un album sur les oiseaux disparus. J’ai envie de faire beaucoup d’autres choses. Mais aller à la rencontre des publics, c’est ce que j’aime faire. J’aime partager mon amour des oiseaux et de la batterie. »
Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin... Le site web d'Electroplume
merci pour cet article éclairant .