Max Vandervorst le répète à qui veut l’entendre : « On ne sauvera pas la planète en tapant sur des boites de conserve ». Et il a raison. Puisqu’on en parle, d’ailleurs, autant l’avouer : personne ne sauvera la planète du principal danger qui la menace, l’expansion du soleil lorsque celui-ci aura épuisé tout son hydrogène. Une précision : cela n’arrivera que dans 4 milliards d’années. En attendant, c’est surtout de l’avenir de l’humanité et des plantes et animaux qui lui sont chers qu’il faut s’inquiéter. Mais, là non plus, nul sauveur n’est attendu. A problèmes globaux (réchauffement, effondrement de la biodiversité, pénuries…), réponses collectives (évolution des imaginaires, changements de gouvernance, sobriété, solidarité…).
Bref… Max Vandervorst ne sauve pas la planète mais tape sur des boites de conserve. Et souffle dans des arrosoirs. Et ne s’assied jamais sur sa chaise musicale, un meuble dont l’assise a été remplacée par une peau tendue… Sur son nouvel album, Pataphonia, l’inépuisable belge se fait accompagner par quelques musiciens amis (Aurélie Goudaer, Michel Massot, Stephan Pougin et Franck Wuyts) mais joue à lui seul d’une charretée entière d’instruments de son invention, de l’aéropercutophone (des tubes plastiques percutés par des tongs) au scoutophone (des gourdes accordées), en passant par des raquettes de tennis préparées (avec du scotch).
Le résultat est une emballante collection de courtes pièces, un joyeux bric-à-brac qui semble collecté sur tous les continents. Polkas, tangos et javas y passent de bras en bras. Très vite, comme chez Pascal Comelade, le cousin catalan du pataphoniste d’outre-Quiévrain, le rire cède la place à l’émotion et l’auditeur – notamment sur l’aventureux Tango verde – oublie qu’il entend des fers à repasser et des bouteilles de Spa, une eau minérale belge.
Pourquoi alors parler de sauver la planète ? Parce que Max Vandervorst a la réputation d’être un champion de l’écologie et que, même si elle l’agace un peu, cette réputation n’est pas totalement infondée. Pionnier de la lutherie sauvage, cette indiscipline qui consiste à transformer en instrument ce qui passe à portée de main, il est l’auteur de livres sur la question qui ont convaincu de nombreux musiciens – comme récemment LeChapus – à s’aventurer à sa suite dans d’amusantes expériences de recyclage. Les spectateurs de ses concerts d’aspirateur ou de clous portent ensuite un nouveau regard sur les objets du quotidien. Soudain, tout semble promettre de douces mélodies. A quoi bon accumuler quand si peu suffit à être heureux ? Pourquoi ne chercher l’harmonie autour de nous, plutôt que là où les marchands la mettent en conserve ? A défaut d’apporter des solutions à tous les problèmes de l’humanité, Max Vandervorst contribue à nous libérer les oreilles. Merci Max !
Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin... La page Bandcamp de Homerecords, le label de Max Vandervorst Le site web de Max Vandervorst