Sony va bien. D’après la presse spécialisée, la multinationale d’origine japonaise a clos l’année 2021 avec un bénéfice net de 6,5 milliards d’euros. Les journalistes l’expliquent par l’engouement pour la console de jeux PlayStation 5 et quelques succès cinématographiques, comme Spider-man : no way home. La branche musicale de la firme, qui regroupe des labels tels que Columbia, Epic ou RCA, ne démérite pas. Elle a même battu un record mondial en 2021 en rachetant pour 550 millions de dollars le catalogue de Bruce Springsteen et se prépare une année 2022 royale avec le quarantième anniversaire de l’album Thriller du « roi de la pop », Michael Jackson.
Mais le géant nippon voit plus loin. Il a annoncé à la mi-mai avoir avancé de dix ans ses objectifs environnementaux : il utiliserait 100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 et viserait la neutralité carbone pour l’ensemble de ses opérations à l’horizon 2040. L’accélération est remarquable : l’objectif du groupe était jusque-là d’y parvenir en 2050. Il pense désormais atteindre la neutralité carbone d’ici 2030 pour les émissions directement liées à ses activités (le « scope 1 ») ou à l’énergie qu’elles consomment (le « scope 2 »), avant d’étendre cette neutralité avant 2040 aux émissions générées par le cycle de vie des produits fabriqués et les chaînes d’approvisionnement (le « scope 3 »).
Pour atteindre cet objectif, Sony va d’abord progressivement réduire l’impact environnemental de ses installations via des économies d’énergie. Mais, interrogée par l’Agence France Presse, Eri Watanabe, une responsable pour le Japon de l’ONG environnementale 350.org, se montre sceptique sur les autres moyens imaginés. Le groupe déclare en effet vouloir contribuer à l’extraction et à la fixation de carbone et envisage d’investir dans des start-up en pointe dans ce domaine, alors que l’efficacité de ces technologies n’est pas prouvée.
La multinationale d’origine japonaise illustre ainsi à merveille le paradoxe des solutions technologiques à des problèmes causés par la technologie. Il est en effet théoriquement possible, en séquestrant le gaz carbonique dans des puits artificiels, en manipulant les océans ou en vaporisant dans la stratosphère un gaz capable de bloquer une partie du rayonnement solaire, de lutter contre le réchauffement climatique. Mais à quel prix ? Et avec quel succès à long terme ? Et si nous apprenions plutôt à produire moins de gaz à effet de serre, en changeant simplement nos comportements ? Quitte, peut-être, à nous passer des inédits enregistrés pendant les sessions de Thriller…
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web de Sony Music France