Dans l’océan, au-dessous de 100 mètres, lorsque l’obscurité est totale, l’ouïe devient un sens crucial. Malheureusement de nombreux sons d’origine humaine (trafic maritime, forages pétroliers, radars militaires…) viennent perturber les échanges des créatures qui y vivent. Chris Watson en a à nouveau fait l’expérience lorsqu’il est allé plonger ses micros en mer de Cortés, le long des côtes de la Basse-Californie. Avec son collègue Tony Myatt, l’ancien fondateur du groupe Cabaret Voltaire, aujourd’hui audionaturaliste de renommée internationale, en a ramené plusieurs heures d’enregistrements de la vie marine, ponctués d’échos de la vie humaine.
Oceans 21, une compagnie fondée par deux Allemandes, Diana Schniedermeier et Ina Krüger, lui a conseillé d’en tirer une œuvre. Elle s’intitulera Seaphony et sera prochainement présentée à Berlin, dans le cadre d’une installation conçue par Theresa Baumgartner. La plasticienne et l’audionaturaliste avaient déjà collaboré autour de la série HBO Chernobyl. Pour Seaphony, Baumgartner fait construire huit colonnes lumineuses de 4 mètres et envisage de recouvrir le sol de miroir, pour que l’espace se démultiplie. Oscillant entre la noirceur des abysses et la blancheur de la glace, les traits bleutés de la peintre répondront à la composition de Watson.
L’objectif de l’équipe n’est pas uniquement esthétique. Tous, artistes et curateurs, souhaitent rappeler qu’il est possible de réduire l’impact sonore des activités humaines dans les océans. Une législation pourrait imposer la construction de barrières antibruit autour des plates-formes pétrolières. Le nombre de voies maritimes pourrait être réduit. Le label « Green Marine Europe » encourage déjà les compagnies de transport à modifier l’empreinte acoustique des navires. Plonger le public dans une installation audiovisuelle pourrait l’aider à saisir l’importance de la question…
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web de Chris Watson Le site web d'Oceans 21 Le site web de Theresa Baumgartner