A Reykjavík, un pan entier du salon de Damon Albarn est occupé par une baie vitrée. De son piano, le chanteur peut voir une partie du port, une plage de sable noir, une petite île perdue dans un océan d’un gris sombre et l’imposante silhouette du mont Esja s’élevant parmi les nuages. C’est ce paysage sans cesse changeant qui a inspiré au chanteur anglais la plupart des thèmes de son nouvel album, The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows.
Damon Albarn avait déjà manifesté son attachement à l’environnement en 2010. Alors en pleine période Gorillaz, le Tintin de la pop avait choisi d’intituler le troisième album de son groupe Plastic Beach, décrivant un monde fait de débris et de vestiges de l’humanité. Mais The Nearer The Fountain est d’une toute autre nature. Damon Albarn a commencé à l’esquisser face à la fameuse baie vitrée, en compagnie de quelques instrumentistes venus de la musique de chambre, le regard rivé sur le moutonnement des vagues, le glissement des nuages… Le Covid a interrompu l’expérience. L’ancien chanteur de Blur a choisi de rentrer au Royaume-Uni pour la période de confinement et le disque a pris une autre tournure, plus anglaise peut-être.
Mais le mont Esja reste l’un des personnages principaux de cet album dont le titre renvoie aux écrits du poète romantique John Clare, peintre enthousiaste des charmes de la vie rurale. C’est cette montagne qui donne son rythme – lent, élégiaque – à l’album. C’est cette barrière de lave qui lui donne sa noirceur, entraînant nécessairement une méditation sur la fragilité de toute chose, des hommes autant que de l’environnement. C’est encore le mont Esja que Damon Albarn évoque au début de Royal morning blue : « La pluie se transforme en neige / Tu mets tes robes / Et disparais / Dans de nouvelles réalités / Pensées et mémoire / Restent à tes côtés » avant de finir la chanson par ce mantra : « À la fin du monde / Reste à mes côtés / À la fin du monde / Reste à mes côtés ». Par chance, la fin du monde n’est pas tout à fait pour demain, il nous reste le temps d’écouter ce disque…
Photo de têtière : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin... Le site web de Damon Albarn